Uncategorized https://icarus.poivron.org Créer des réseaux de soutien en santé mentale radicale dans un monde devenu fou. Wed, 23 May 2018 15:17:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.6 https://icarus.poivron.org/uploads/2015/02/cropped-cropped-youarenotalone-32x32.jpeg Uncategorized https://icarus.poivron.org 32 32 Folie et oppression – Créer ta propre Mad Map https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-creer-ta-propre-mad-map/ https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-creer-ta-propre-mad-map/#respond Wed, 23 May 2018 15:17:17 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=749 Épilogue : Créer ta propre Mad Map

En parcourant cette brochure, as-tu coché ou répondu aux questions ? Ci-dessous, tu trouveras à nouveau toutes ces questions — tu peux écrire tes réponses ici, pour qu’elles soient rassemblées au même endroit. Pense ensuite à la manière dont tu voudrais présenter tes réponses : sous forme de listes, de dessins, de photographies, de journal, d’essai, de tableau, sur un mur dédié à la cartographie,… toutes ces manières de faire ont été utilisées par des membres de la communauté pour présenter leur carte. Tu peux choisir celle qui te conviens le mieux, ou même les mélanger, les combiner…

 

Une fois que tu sais comment tu veux fabriquer ta carte, choisis un environnement qui te conviens. Certaines personnes préfèrent répondre à ces questions en privée, avec un·e ami·e, en groupe ou avec le soutien de notre communauté sur internet. Le Projet Icarus propose également des ateliers « mad maps » dans lequel tu peux créer ta carte avec l’aide d’un·e facilitateur·ice compétent·e.

 

Nous te suggérons d’y aller à ton rythme, d’être honnête avec toi-même, de respecter tes sentiments et de chercher du soutien, afin que tu puisses te remettre de toutes les restimulations (triggers) que le partage de ces informations pourrait déclencher.

 

Si tu as fini d’ajouter tes propres questions, si tu veux partager anonymement ta Mad Map* avec d’autres, ou utiliser ce guide pour un groupe, nous serons ravi·es d’ajouter ta contribution à ce projet communautaire ! Envoi un e-mail pour nous le faire savoir : projeticarus areubase poivron point org (en remplaçant « areubase«  par un « @«  et « point«  par un « . »)

[NdT: si l’équipe icarus-fr ne répond pas, n’hésites pas à contribuer au projet international, plutôt anglophone: madmaps areubase theicarusproject point net]

 

• Qu’est-ce que l’oppression ?

• Comment ressens-tu l’oppression?

• Quelles micro-agressions quotidiennes vis-tu ?

• Comment l’oppression affecte la manière dont tu te sens ?

• Comment l’oppression affecte la manière dont tu te comportes ?

• Comment l’oppression affecte ta santé mentale, émotionnelle et physique ?

• Comment ton corps réagit-il aux micro-agressions ?

• Comment l’oppression affecte la manière dont tu te perçois ?

• Quelles sont les conséquences sociales de l’oppression sur ta vie ?

• Comment fais-tu face aux impacts de l’oppression ?

• Comment navigues-tu dans des situations réactivantes (triggering) ?

• Comment les autres peuvent-illes t’aider ? Comment pouvons-nous nous entraider ?

• Par où pouvons-nous commencer à nous attaquer à l’oppression dans nos communautés ?

• Que peut mettre en place notre communauté pour atténuer l’oppression ?

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Folie & oppression – Cartographier nos folies ? https://icarus.poivron.org/folie-oppression-cartographier-nos-folies/ https://icarus.poivron.org/folie-oppression-cartographier-nos-folies/#respond Wed, 23 May 2018 12:00:13 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=712 C’est quoi les Mad Maps ?

 

Dans un monde qui bloque les chemins de traverse, les portes cachées et les passages souterrains, nous obligeant tous·tes à suivre le droit chemin de la soi-disant normalité, le Projet Icarus se veut un lieu de ressource pour toutes celles et ceux qui veulent explorer l’art de se perdre.

Nourri·es d’espoir et de créativité, nos membres ont astucieusement inventé·es des routes, tracé·es les cartes de nos voyages, de nos luttes en santé mentale dans un monde tortueux et magnifique. Ces rêveries cartographiques nous les avons appelés Mad Maps*.

Les Mad Maps* sont des documents que nous créons pour nous-mêmes, pour nous rappeler nos buts, ce qui est important pour nous, nos traces de lutte, et nos propres stratégies de bien-être.

Le long de cette route nous avons appris que nos communautés étaient impactées par les systèmes sociétaux de différentes manières, et que ces différences affectent notre santé mentale. Nos guides abordent des questions importantes telles que l’oppression et le traumatisme inter-générationnel et vous invitent à vous joindre à d’autres pour élaborer des solutions qui transforment la santé de nos communautés.

Ce guide vous aidera à faire votre propre Mad Map*. Réalisé à partir des contributions de centaines de membres de la communauté du Projet Icarus, il vous accompagnera étape par étape, à travers le processus de création de vos propres cartes. Ces guides vous aident à identifier et à partager ce dont vous avez besoin pour être soutenu·e en période de crise, en vous inspirant de véritables ressources, éprouvées par des personnes vivant des expériences similaires aux vôtres. Nous espérons que vous reconnaîtrez vos propres expériences dans ce que les autres ont écrit – et découvrirez ainsi un langage pour les exprimer et de nouveaux outils pour maintenir votre bien-être et transformer votre communauté.

Quand vous aurez terminé, nous serions ravi·es que vous partagiez votre carte avec la communauté Icarus. En partageant nos cartes, nous pouvons identifier nos luttes communes, nous inspirer les un·es les autres, apprendre les un·es aux autres comment nous pouvons être mieux soutenu·es, et nous rassembler pour transformer le monde qui nous entoure. Nous imaginons un monde dans lequel les gens créent des communautés de soutien effectives et œuvrent à la libération collective et individuelle. Apprenez-en plus sur notre réseau de groupes locaux, les ateliers et événements à venir, et la manière dont vous pouvez rejoindre le mouvement de santé mentale radicale sur www.theicarusproject.net (en) et www.icarus.poivron.org (fr)

Version PDF Couleur (7MB): folie&oppression

Version PDF  Noir & Blanc (3MB): folie&oppressionNB

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Contacts https://icarus.poivron.org/contacts/ https://icarus.poivron.org/contacts/#respond Tue, 11 Oct 2016 17:55:19 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=647 Pour nous contacter, se tenir au courant, contribuer ou nous rencontrer:

(voici quelques moyens du plus rapide au plus aléatoire)

 

 

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Rencontres Icarus 2016 https://icarus.poivron.org/rencontres-icarus-2016/ https://icarus.poivron.org/rencontres-icarus-2016/#comments Mon, 10 Oct 2016 12:10:25 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=638 Rencontres Icarus tract

Ces rencontres seront une première occasion de se retrouver, d’observer et de réfléchir ensemble à ce que nous avons mis.e en place, à là où nous en sommes et ce vers quoi nous aimerions aller.
Le principe de ces rencontres c’est que chacun.e des participant.es qui le désire établira le programme en proposant un atelier-discussion qui lui tient à cœur ou lui parait nécessaire.
Le thème principal de ces Rencontres Icarus pourrait être justement:
« comment on se rencontre ?« 
ou
« comment on se relie les un.es aux autres ?« 
Ces rencontres seront l’occasion de questionner ensemble et en partant de nos vécus quotidiens:
« comment relier le soin de soi aux transformations collectives ? »
Elles s’articulent autour de 3 axes thématiques:
  • Où en sommes-nous ?
  • De quoi avons-nous besoin ?
  • Où allons-nous

Où en sommes-nous ?

Vendredi 14 Octobre 2016 de 17h00 à 19h00

Où on en est chacun.es dans nos vies, dans nos collectifs ?
Où en sont les groupes Icarus et allié.es ?
Où on en est depuis la première brochure traduite (en 2012) ?
Ce sera aussi l’occasion de se présenter, de présenter ces rencontres et les ateliers-discussions que nous pourrions faire ensemble, chacun.e peut venir en proposer qui lui tient à cœur.
  • à La parole errante 
9, rue François Debergue
93100 Montreuil

De quoi avons-nous besoin ?

Dimanche 16 Octobre 2016 de 17h à 19h00

De quels liens entre nous ? De quel soutien et quelle solidarité on a besoin ? Comment on s’organise ? Quels sont les outils, connaissances et pratiques à notre disposition ? Que se soit pour prendre soin de soi, communiquer ou faciliter les transformations.
L’atelier de dimanche sera principalement un temps de partages d’expériences autour des groupes d’entraide et/ou de soutien.

CHANGEMENT DE DERNIÈRE MINUTE:

A l’origine prévu dans plusieurs lieux, les rencontres de dimanche seront toutes au rémouleur (et uniquement là):
  • Le rémouleur

Un local-bibliothèque auto-organisé de lutte et de critique sociale

106, rue Victor Hugo 93170 Bagnolet
M° Robespierre ou M° Gallieni

infokiosques.net/le_remouleur

Ce lieu est au rez-de-chaussé et accessible en fauteuil.

Où allons-nous ?

Lundi 17 octobre 2016 de 15h00 à 17h00

Qu’est-ce qu’on imagine pour la suite ? Qu’est-ce qu’on a envie de mettre en place ?
Comment on se relie aux autres réseaux et groupes d’entraide ? Au congrès mondial ?
  • Aux laboratoires d’aubervilliers
41, rue Lécuyer
93300 Aubervilliers

M°: Ligne 7 Aubervilliers-Pantin Quatre-Chemins (sortie Avenue de la République, côté des numéros impairs)

Bus: 170, 150, 152, 249

Un infokiosque sera accessible lors de ces rencontres, où vous pourrez trouver toutes les brochures disponibles sur ce site, et peut-être quelques surprises inédites…

Autres rendez-vous informels

Samedi 15 Octobre 2016

Sera l’occasion de se voir informellement , de dériver dans Paris ou de participer à L’existrans 2016 qui partira à 14heures

Dimanche 23 octobre à 14h00

Ce sera plutôt un moment de célébration à la suite du 8éme congrès mondial sur l’entente de voix ( http://paris2016.revfrance.org/accueil ) ,
on propose un pique-nique végan (chacun.e est invité à apporter et partager un plat, une tarte, une salade, une histoire, une chanson…etc. n’importe quoi de délicieux et de convivial )
Toutes les précisions utiles se trouverons sur cette page

Cagnotte icarus

On s’organise le plus possible avec des échanges, des dons et de la débrouille. On est tous.tes bénévoles dans l’histoire et plutôt dans des situations précaires. On a donc mis en place une cagnotte pour faciliter les contributions à distance:

https://www.leetchi.com/c/cagnotte-de-projet-icarus

Tout don (même infime) est le bienvenu et si vous pouvez nous aider à faire tourner ce lien ( même à la dernière minute et même un peu après ) c’est tout le projet icarus qui avance grâce à vous.

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Guide pour limiter les risques dans le sevrage aux médicaments psychiatriques https://icarus.poivron.org/guide-pour-limiter-les-risques-dans-le-sevrage-aux-medicaments-psychiatriques/ https://icarus.poivron.org/guide-pour-limiter-les-risques-dans-le-sevrage-aux-medicaments-psychiatriques/#respond Wed, 13 Apr 2016 17:00:47 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=515
Avertissement médical:
Ce guide est écrit dans un esprit d’entraide et de soutien par les pair(e)s. Il n’a pas été conçu dans un but de conseil professionnel ou médical. Alors que chacun(e) est différent(e), les médicaments psychotropes sont puissants et arrêter soudainement ou sans accompagnement peut parfois être dangereux.

Présentation

Écrit par Will Hall. Publié par The Icarus Project et Freedom Center.

The Icarus Project est une communauté internet, un réseau de groupes locaux et de projet-média créé par et pour les personnes aux prises avec des dons de folie communément étiquetés “maladies mentales”. Nous créons une culture et un langage nouveaux qui résonnent avec nos expériences réelles de la folie plutôt que d’essayer de faire correspondre nos vies aux cadres conventionnels.

The Icarus Project
www.theicarusproject.net
info(at)theicarusproject.net

Freedom Center est une communauté reconnue d’activisme, d’advocacy et de soutien basée dans l’Ouest du Massachusetts. Dirigée par et pour des personnes étiquetées comme ayant des troubles mentaux ou qui vivent des états extrêmes de conscience, le Freedom Center travaille pour l’accès aux alternatives holistiques, à un soin compassionnel, et pour la fin des traitements psychiatriques forcés.

Freedom Center
www.freedom-center.org


Deuxième édition, juin 2012.Vos idées et contributions sont les bienvenues pour des versions futures de ce guide.

Merci à : Ben Abelow, George Badillo, Amy Bookbinder, Dave Burns, Kent Bye, Mick Bysshe, Monica Cassani, Oryx Cohen, Colin, Mary Kate Connor, Laura Delano, Jacqui Dillon, Dionysia Dionysius, Marc Dinacola, Dianne Dragon, dreamer, Sascha Dubrul, Empties, Steve Fenwick, Marian B.G., Vikki Gilbert, Richard Gilluly, Rhiannon Griffitch, Chaya Grossberg, Molly Hardison, Gail Hornstein, Lee Hurter, Jenna, Jonah, Julie, Marianna Kefallinou, Ed knight, Inez Kochius, Peter Lehman, Paul Levy, Krista MacKinnon, Jacks Ashley McNamara, Tsuyoshi Matsuo, Pheepho, Suzanne Richardson, Olga Runciman, Alex Samets, Sarah Seegal, Seven, Janice Sorensen, Lauren Whitaker, Health Professional Advisors, et beaucoup d’autres collaborateurICEs et alliéEs.
Couverture: Jacks Ashley McNamara.
Conception artistique : Carrie Bergman (première édition) ; Seth Kadish et Cheryl Weigel (deuxième édition)
Contribution artistique : Fly, Gheena, Will Hall, Miss Led, Jacks Ashley McNamara, Erick Ruin, Janice Sorensen, et Bec Young.
Traduction française : Collective.
Ce guide est disponible en téléchargement gratuit sur les sites internet d’Icarus Project et du Freedom Center, en version en ligne et prêt-à-imprimer. Disponible aussi en version anglaise, espagnole, allemande et grecque.

Creative commons copyright 2012 :http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/.
Traduction française : Août 2013.
Vous avez par avance la permission d’imprimer, photocopier, partager, mettre en lien, et distribuer autant de copies que vous le voudrez, tant que vous précisez l’attribution des sources, que vous n’altérez pas le contenu, et qu’il n’y a pas de bénéfices commerciaux. Merci de nous contacter pour d’autres utilisations.
info[at]freedom-center.org

Introduction à la version française

Voilà.
Nous, là, quelques personnes croisées sur “désaliéner”, petit réseau hexagonal qui trame pour articuler une résistance critique à l’égard de la psychiatrie et de son monde, nous avons eu la chance de pouvoir lire en anglais une brochure trouvée sur le site états-unien d’un collectif appelé The Icarus Project (vous en apprendrez plus sur elles/eux dans les pages qui suivent). Cette brochure nous a plu, on l’a traduite, c’est elle que vous avez entre les mains.
Pourquoi vouloir porter cette parole de ce côté-ci de l’atlantique ? D’abord parce qu’à ce jour on ne connaît pas sur le sujet de document équivalent de cette qualité en français.
Ensuite, parce que l’anglais possède certains verbiages qui nous boostent, qu’on voudrait pouvoir introduire dans nos discussions… Comme l’idée de peer recovery movement qui, dans un learning process et une flexible and pragmatic approach, veillerait à nous empowered about medication issues, en développant le self care et les personal insights de chacun(e). Vous y comprenez que couic ? Le corps du texte détaille tout ça ; on a tenté de traduire… avec des difficultés.
La première, la plus flagrante : peut-on traduire “harm reduction” (textuellement : “réduction des maux”) par “réduction des risques” (terme apparu en France à la jonction de la lutte contre le SIDA et de celle pour la reconnaissance des droits des usagèr(e)s de drogues), y a-t-il similitude dans les démarches, dans les connotations surtout ? Pas sûr… Ces questions restent pour nous ouvertes.
On vous passe le reste de la cuisine interne (le “drugs” qui veut dire drogues mais aussi… médicaments). Ce qui est sûr, c’est que quand on n’a pas les mots, on peut moins bien penser les choses, et quand il s’agit de se lancer dans l’arrêt ou la diminution de ses traitements psy, on se lance souvent dans l’impensable, l’impensé ; le discours de la réaction institutionnelle psychiatrique est tellement obtus sur la question, tellement martelé (“ce petit cachet vous allez le prendre à vie, point barre”), qu’il est pour beaucoup difficile d’imaginer pouvoir reprendre un certain contrôle sur la pharmacopée ingérée quotidiennement.

Le renouveau apporté par une langue étrangère dans ces problématiques nous a donc paru intéressant. Mais aussi, la vigueur, la richesse, la fécondité des mouvements des 60s-70s aux États-Unis qui irriguent le texte : quand il est question de santé “holistique” par exemple, qui brasse les thérapeutiques, en incluant le rapport à la nourriture, au sommeil, au travail, au sport, le contact avec la nature, le travail sur son trauma, la pratique spirituelle et les alternatives de bien-être… Forcément ça peut faire tiquer le militant lambda hexagonal et urbain qui se déplacerait essentiellement sur du béton et souhaiterait, paradoxe, garder en tous points les pieds sur terre. Ouais des fois le texte fleure le hippie, l’ésotérisme New Age, à première vue ; mais si on s’autorisait chouïa, pour une fois, à explorer d’autres champs que le rationnel, le matériel, le soldatesque du politique, puisqu’il s’agit de brindezingue? Puisqu’il s’agit d’être humain dans cette société bétonnée ? Parce qu’en fin de lecture, on en finirait presque par conclure que se faire du bien, ben ça peut aussi être politique !
Et puis, il y a d’autres signes importants de connivence :
– l’enracinement d’Icarus Project dans le réseau politisé alternatif nord-américain,
– l’importance accordée au fait d’apporter des solutions accessibles à tous financièrement,
– le refus de toute forme d’oppression et de discrimination,
– la volonté de développer une “santé mentale radicale” au sein d’une lutte plus large pour la justice sociale,
– la méfiance vis-à-vis de sectes, telles que la scientologie, qui tiennent des discours contre la psychiatrie pour mieux promouvoir la logique absurde et mercantile de leur propre “traitement”,
– la volonté de développer des outils d’autonomisation vis-à-vis du maillage psychiatrique institutionnel,
– le souci d’être précis et rigoureux dans la démarche (par exemple, conseiller de demander un traitement sécable ou sous forme liquide, dont les doses puissent facilement être réduites en autogestion, plutôt que des comprimés à libération prolongée, qui ne doivent pas être coupés).
Cela peut faire écho à certaines dynamiques locales et nous donne l’impression formidable de pas être seul(e) et d’avoir quantité de cousins-cousines en Amérique !
Bon, qui dit bonne parole, dit diffusion libre et gratuite, copyleft et tout le bazar, alors ne vous gênez pas pour faire circuler le matériel.

Notes de l’auteur

Voici un guide que j’aurais aimé avoir lorsque je prenais des médicaments psychotropes. Le Prozac m’a aidé quelque temps, puis m’a rendu maniaque et suicidaire. J’ai été malade des jours durant après avoir arrêté de prendre du Zoloft, tout en étant accusé par des thérapeutes de simuler. Les infirmières qui m’ont prélevé le sang pour contrôler mon niveau de lithium ne m’ont jamais expliqué que c’était pour analyser la toxicité médicamenteuse, et on m’a dit que le Navane et d’autres antipsychotiques que je prenais pour calmer mes états de grande nervosité étaient nécessaires en raison d’un dysfonctionnement dans mon cerveau.

J’ai pris beaucoup de médicaments psychotropes différents pendant plusieurs années, mais les professionnels médicaux qui me les prescrivaient n’ont jamais cherché à renforcer mon autonomie ou à m’informer. Ils/elles ne m’ont pas expliqué comment les médicaments agissaient, n’ont pas discuté honnêtement avec moi des risques encourus, ne m’ont pas proposé d’autres alternatives, ou ne m’ont pas aidé à me sevrer quand j’ai voulu arrêter d’en prendre. L’information dont j’avais besoin était manquante, incomplète, ou inexacte. Quand j’ai finalement commencé à trouver des moyens d’aller mieux sans médicaments, ce ne fut pas grâce au système de santé mentale, ce fut malgré lui.
Une partie de moi ne voulait pas vraiment être sous médocs, mais une autre partie avait désespérément besoin d’aide. Mes souffrances étaient très sérieuses – multiples tentatives de suicide, voix de persécution, extrême méfiance, sentiment d’étrangeté, je me cachais seul dans mon appartement, incapable de prendre soin de moi-même. L’aide thérapeutique n’a pas fonctionné, et personne ne m’a offert d’autres options. On me poussait à considérer que mes problèmes étaient d’origine “biologique” et “nécessitaient” un traitement médicamenteux, au lieu de voir les médicaments comme une option parmi d’autres. Pendant un temps ce traitement me semblait être le seul moyen de m’en sortir. Cela m’a pris des années pour comprendre qu’en réalité les réponses, et mon espoir d’aller mieux, résidaient en moi.
Quand j’ai finalement quitté les hôpitaux, les résidences aménagées, et les centres d’hébergement d’urgence dans lesquels j’ai vécu pendant près d’un an, j’ai commencé ma propre recherche. Je me suis mis à évaluer mes options avec plus d’attention, en me basant non pas sur des autorités mal informées qui me dictaient quoi faire, mais sur mes recherches et sur mes apprentissages personnels. Ce processus m’a amené à co-fonder le Freedom Center, une communauté de soutien dans l’Ouest du Massachusetts qui rassemble des personnes se posant les mêmes questions.
Via le Freedom Center, j’ai découvert qu’on me refusait un droit médical fondamental: le consentement éclairé, autrement dit le fait de recevoir des informations précises sur mon diagnostic et mon traitement. J’ai appris que les mauvais traitements que j’ai subis sont monnaie courante dans le système de santé mentale. J’ai retrouvé des recherches ignorées par les médias dominants, comprenant des études MIND, une organisation caritative du Royaume-Uni, et de la Société Britannique de Psychologie, qui ont confirmé mon expérience : la plupart des professionnel(le)s ignorent comment arrêter de consommer des médicaments, et vont jusqu’à faire obstacle à leurs patients dans cette voie, en finissant parfois par leur faire du mal.Le Freedom Center m’a amené à travailler avec Icarus Projet, et ensemble ces communautés d’entraide mutuelle ont aidé de nombreuses personnes à prendre des décisions plus avisées – que ce soit pour rester sous médicaments quand ils sont utiles, ou pour explorer la possibilité de les arrêter quand ils ne le sont pas. Beaucoup d’entre nous vivent sans les médicaments psychotropes que les médecins nous ont dit devoir prendre toute notre vie, et malgré un diagnostic de schizophrénie dysthymique, cela fait plus de 15 ans que je n’ai pas pris de médocs.
Ce guide rassemble la meilleure information que nous ayons découverte et les leçons les plus importantes que nous ayons apprises à travers le Freedom Center et The Icarus Project. Ça n’est pas parfait, et je vous invite à contribuer à de futures éditions par vos expériences et vos recherches, mais c’est un guide qui, je l’espère, sera utile.– Will Hall

will hall

]]> https://icarus.poivron.org/guide-pour-limiter-les-risques-dans-le-sevrage-aux-medicaments-psychiatriques/feed/ 0 Pas de quoi avoir honte https://icarus.poivron.org/pas-de-quoi-avoir-honte/ https://icarus.poivron.org/pas-de-quoi-avoir-honte/#respond Tue, 12 Apr 2016 23:49:58 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=530 Se blesser est quelque chose dont on parle rarement. Il y a beaucoup de honte autour de ce sujet.

C’est sans doute une bonne idée de réfléchir soigneusement sur qui doit être au courant que vous vous blessez et qui ne devrait pas l’être.

Certaines personnes ont une compréhension plutôt superficielle de ce qui se passe et ne pourront pas vraiment t’aider.
Mais ne te juge pas pour ce que tu traverses.
Certaines choses sont censées être plus honteuses que d’autres.

Pense à la personne qui se fait mal pour garder le contrôle et à la personne qui est agressive envers son/sa conjoint.e / ses enfants/ ses employé.es pour les mêmes raisons.

Les comportements ne sont pas pathologisés de la même manière selon qui les affiche et selon les normes auxquelles l’entourage est habitué.
Parfois se faire mal est le moindre des maux.
Quand vous ne pouvez pas utilisez l’outil dont vous avez besoin, vous utilisez l’outil que vous avez.
Les paradigmes simplistes, comme vrai / faux, souhaitable /non-souhaitable, sain d’esprit / fou, n’aident personne.
Se faire mal a toujours fait partie de l’expérience humaine.
Il n’y a pas de quoi en avoir honte.

Rituels qui incluent de s’infliger des blessures ou de la douleur

 

La danse du soleil

sundanceLa cérémonie de la danse du soleil est une cérémonie religieuse pratiquée par de nombreux peuples Natifs-Américains et des Première Nations, particulièrement ceux des Nations des Plaines. Chaque tribu a sa propre pratique et ses propres protocoles de cérémonie. Beaucoup de ces cérémonies ont des caractéristiques en commun, tels que des danses et des chansons spécifiques transmises de génération en génération, l’utilisation de percussions traditionnelles, la pipe sacrée, les offrandes de tabac, des prières, le jeun, et, dans certains cas, des blessures sur la peau sur la poitrine ou le dos pour les hommes et les bras pour les femmes.
source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Danse_du_Soleil

Des Flagellant.es

flageallants Les processions modernes de flagellants encapuchés sont encore de nos
jours une particularité de différents pays méditerranéens catholiques, principalement en Espagne, en Italie et dans quelques anciennes colonies, habituellement chaque année durant le Carême. Par exemple dans la commune de Guardio Sanframondi à Campania, en Italie, de tels défilés sont organisés une fois tous les 7 ans. Certains chrétiens aux Philippines pratiquent la flagellation comme une forme d’adoration dévote, parfois en plus de l’auto-crucifixion (pendant la fin du Carême).
Des pratiques vraiment similaires existent dans des traditions non-chrétiennes, comprenant la flagellation chez les Chiites (commémorant le martyre de Husayn ibn Ali), de même que des traditions comme la flagellation des femmes (pendant que les hommes sont fessés) dans un temple Taoïste lors du Nouvel An Chinois. À notre époque, on suppose que les pratiques de mortification de la chair les plus extrêmes ont put être utilisées pour obtenir des états de conscience altérés dans le but d’expériences religieuses ou de visions;
la recherche médicale a montré que la douleur intense relâche des endorphines qui peuvent avoir de tels effets, et même rendre certaines personnes dépendantes à la douleur.

 

Le kaihogyo

 

marathon-monks-psUne partie du Bouddhisme Tendai enseigne que l’illumination peut être atteinte dans la vie actuelle.C’est à travers le processus de négation de soi que cela peut être achevé, et le Kaihogyo est vu comme l’ultime expression de ce désir.
Le Kaihogyo est une partie des entraînements ascétiques d’endurance physique. Durant les 100 premiers jours, se retirer du challenge est possible, mais à partir du 101ème jour le moine n’est plus autorisé à arrêter; il doit soit terminer le parcours soit se donner la mort. La montagne porte les nombreuses tombes anonymes de ceux qui ont échoué dans leur quête, bien qu’aucune d’entre elles ne date des 20 et 21ème siècles. Seuls 46 hommes ont achevé le parcours de 1000 jours depuis 1585.

Un cilice

 Cilice
Un cilice était à l’origine une tunique ou une ceinture faite de tissus rugueux ou de poils d’animaux (une haire) utilisée dans certaines traditions religieuses pour induire un certain degré d’inconfort ou de douleur comme signe de repentance et d’expiation. Il y en eut un usage régulier dans des monastères et des couvents tout au long de l’histoire jusque dans les années 1960, et ce fut approuvé par les papes comme une manière de suivre le Christ.

 

Des crucifiés

 

Depuis au moins la moitié du 19° siècle, un groupe de flagellants catholiques au Nouveau Mexique appelé Hermanos de Luz («Frères de Lumière») a annuellement représenté la crucifixion de Jésus-Christ pendant la semaine sainte, représentation au cours de laquelle un pénitent est attaché mais pas cloué à une croix. Certains catholiques sont volontaires, crucifiés de manière non-létale pendant une durée limitée le Vendredi Saint, pour imiter la souffrance de Jesus Christ, bien que l’église décourage grandement cette pratique. Un exemple notable est la représentation cérémonielle qui est donnée annuellement dans la ville de Iztapalapa, dans la banlieue de Mexico, depuis 1833.
Les crucifixions dévotionnelles sont également communes aux Philippines. Les dévots plantent des clous fins à travers la paume de la main, une marche est utilisée pour s’élever, et la période est courte, ce n’est pas une crucifixion complète. Bien que l’église catholique dominante désapprouve ce rituel, le gouvernement philippin dit qu’il ne peut pas empêcher les dévots de se crucifier et se blesser. Le ministère de la santé insiste sur le fait que ceux qui prennent part à ce rituel devraient se faire vacciner contre le tétanos et que les clous utilisés pour percer leurs membres devraient être stérilisés. Dans de nombreux cas la personne représentant Jésus est la première à être soumise à la flagellation et porte une couronne d’épines.

 

L’ Achoura

 

aschuraL’ Achoura a une signification particulière pour les musulmans Chittes et Alawites, qui considèrent Husayn (le petit fils de Mohamed) Ahl al-Bayt comme le troisième Imam et le successeur légitime de Mohamed. Alors que le fait de faire souffrir et d’entailler le corps avec des couteaux ou des chaînes a été prohibé par des marjas Chiites tels que Ali Khamenei, le leader Suprême d’Iran, certains Chittes font le deuil avec des dons de sang et des flagellations. De plus certains hommes Chittes, considérés comme hérétiques par certains intellectuels musulmans, s’entaillent avec des rasoirs ou des épées et laissent s’écouler leur sang.
Certains rituels tels que la flagellation traditionnelle, utilisant une épée, impliquant l’emploi d’un zanjeer (une chaîne avec des lames) ont également lieu. Ce sont des pratiques religieuses qui montrent de la solidarité envers Husayn et sa famille. Les gens pleurent de n’avoir pas été présents lors de la bataille pour se battre et sauver Husayn et sa famille.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Achoura#Signification d’Achoura_pour_les_musulmans_chiites

 

 

Pour en savoir plus

Cet article est extrait de la brochure « SE FAIRE MAL » (Hurting Yourself) disponible ici:

se faire mal cover2 56 pages couleurs en PDF (762 kB)

ou téléchargez la Version en noir et blanc

 

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Guide pour limiter les risques dans le sevrage aux médicaments psychiatriques II https://icarus.poivron.org/guide-pour-limiter-les-risques-dans-le-sevrage-aux-medicaments-psychiatriques-ii/ https://icarus.poivron.org/guide-pour-limiter-les-risques-dans-le-sevrage-aux-medicaments-psychiatriques-ii/#respond Tue, 12 Apr 2016 23:37:16 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=518 Introduction

« Nous vivons dans un monde qui, lorsqu’il s’agit de psychotropes, devient assez fou. »

D’une part il y a la “guerre contre les drogues”, qui déclare illégaux certains psychotropes, remplit nos prisons, et n’a pas mis fin à la consommation de drogue. Ensuite, il y a les psychotropes acceptables comme l’alcool et le tabac, dont on fait la publicité partout avec des promesses de bonheur et de succès bien qu’ils causent une dépendance généralisée, des maladies, et la mort. Les psychotropes prescrits légalement comme les stimulants, les analgésiques, et les anxiolytiques sont tout aussi addictifs et dangereux que la drogue qu’on peut trouver dans la rue, mais ils ont l’approbation d’un médecin. Et puis il y a les neuroleptiques, le lithium, et les antiépileptiques, qui ont des effets indésirables et dangereux mais qui aident à maîtriser et calmer l’état psychique des gens lorsqu’ils se sentent incontrôlables, et alors on les appelle des “antipsychotiques” et des “stabilisateurs d’humeur”.

Quand il s’agit de psychotropes, les vies sont souvent en jeu, que ce soit à cause d’une addiction, des effets indésirables des médicaments, ou des risques liés aux crises émotionnelles et à la folie. Si l’on combine cela aux messages confus envoyés par la société au sujet des psychotropes, il en résulte beaucoup de peur. Les psychotropes deviennent anges ou démons. Il faut en prendre à tout prix, ou les arrêter à tout prix. Nous ne voyons que les risques, ou bien nous sommes trop effrayé(e)s pour voir le moindre risque. Il n’y a pas de compromis: c’est noir ou blanc, tout ou rien.

Lilly cannabis - Neptune

Il est facile de tomber dans la pensée absolutiste lorsqu’il s’agit de médicaments psychotropes. Les pro-médicaments se focalisent sur les risques des psychoses et des états émotionnels extrêmes, alors que les antimédicaments se focalisent sur les risques de la consommation de médicaments. Mais l’esprit de ce guide et la philosophie de travail du Freedom Center et de l’Icarus Project pour l’auto-détermination face au traitement, est d’envisager la pensée du tout-ou-rien au sujet des psychotropes comme une grande part du problème.

Réduction des effets nocifs en santé mentale

Les approches absolutistes vis à vis de la drogue et de l’éducation sexuelle apprennent à être abstinent, à “simplement dire non”, et c’est pareil pour tout le monde. Elles fonctionnent pour certaines personnes, mais pas pour la majorité, et celles/ceux qui ne suivent pas le modèle finissent par être jugé(e)s, et non aidé(e)s.

cocaine - Neptune

“La réduction des effets nocifs” est différente : elle est pragmatique, pas dogmatique. La réduction des effets nocifs est un mouvement international d’éducation sanitaire communautaire qui reconnaît qu’il n’existe pas de remède unique valable pour tout le monde, pas de standard universel de “succès” ou “d’échec”. Se débarrasser du problème n’est pas nécessairement la seule solution. La réduction des effets nocifs préfère accepter les personnes là où elles en sont et les éduquer à faire des choix éclairés et des compromis calculés qui diminuent les risques et augmentent le bien-être. Les gens ont besoin d’information, de choix, de ressources et de soutien pour pouvoir avancer vers une vie plus saine, à leur propre rythme et selon leur propres termes.
Appliquer la philosophie de réduction des effets nocifs à la santé mentale est une approche nouvelle mais qui se développe. Cela signifie ne pas toujours vouloir éliminer les “symptômes” ou interrompre tous les traitements. Cela implique de reconnaître que les gens prennent déjà des médicaments psychotropes, sont déjà en train d’essayer d’arrêter, et vivent déjà avec des symptômes, et que, dans cette réalité complexe, les gens ont besoin d’aide réelle, et non de jugement. Cette philosophie encourage à peser les différents risques impliqués: les effets nocifs des états extrêmes, aussi bien que les effets nocifs des traitements, tels que les effets indésirables des médicaments, les étiquettes invalidantes, et les hospitalisations traumatisantes.

Prendre des décisions basées sur la réduction des effets nocifs signifie analyser honnêtement tous les côtés de l’équation : l’aide que peuvent apporter les médicaments lorsqu’une vie semble hors contrôle, à quel point ces mêmes médicaments peuvent être risqués, et les différents choix et alternatives. Toutes les décisions impliquent un processus d’expérimentation et d’apprentissage, y compris un apprentissage à partir de ses erreurs et un changement d’objectifs en cours de route. La réduction des effets nocifs accepte tout cela, car elle considère que l’essence de n’importe quelle vie saine est dans la capacité à renforcer son autonomie.


Nous sommes tous différents

Il n’existe pas de formule pour décrocher des médicaments psychotropes. Ce qui existe, et ce que ce guide présente, ce sont des expériences communes, des recherches fondamentales, et des informations importantes qui peuvent potentiellement rendre le processus moins difficile. Beaucoup de gens parviennent à arrêter de prendre des médicaments psychotropes, avec ou sans accompagnement, alors que d’autres trouvent cela très dur. Beaucoup continuent de prendre des médocs parce que les bénéfices sont supérieurs aux inconvénients. Mais beaucoup de gens finissent par continuer de prendre leur traitement sans jamais explorer d’autres possibilités, simplement parce qu’ils ne connaissent pas d’autres moyens.

Quand nous avons compté uniquement sur les médecins, la télévision, et les sources d’information traditionnelles, il peut nous sembler impossible de faire face à nos états émotionnels extrêmes sans médicaments. Peut-être n’avons-nous jamais entendu parler de quiconque ayant traversé ce que nous traversons sans médicaments. Peut-être une ordonnance a amené pour la première fois les autres à prendre au sérieux notre besoin d’aide, et que les médicaments semblent la seule façon de reconnaître la gravité de problèmes incontrôlables. Et quand tout le monde autour de nous en est venu à considérer les médicaments comme essentiels à notre survie, explorer une nouvelle voie peut sembler trop risqué.

Beaucoup d’entre nous se sentent aidés par les médocs, mais ils n’en comprennent peut-être pas vraiment le fonctionnement, ou ne connaissent pas d’autres possibilités. Certain(e)s d’entre nous n’ont jamais trouvé les médicaments utiles, ou bien les médicaments ont même aggravé nos problèmes et nous sommes prêt(e)s à essayer de vivre sans eux.

Les gens sont parfois déchirés entre le risque de continuer et celui d’arrêter les médocs, ou bien ils prennent de multiples médicaments et doutent qu’ils soient tous utiles. D’autres peuvent vouloir décrocher, mais ils attendent le bon moment, ou alors ils ont déjà essayé par le passé, ils ont connu un retour de symptômes effrayants, et décidé d’en reprendre pour le moment.

Nos chemins vers la guérison sont uniques. Certains d’entre nous n’ont besoin de faire aucun grand changement dans leur vie, laissant le temps et la patience faire leur travail. D’autres devront probablement faire des transformations importantes en ce qui concerne la nutrition, le travail, la vie de famille, ou les relations personnelles ; peut-être aurons-nous besoin de prendre davantage soin de nous-même, de nous concentrer sur l’art et la créativité, d’adopter d’autres approches comme le soutien par les pairs, la thérapie, l’herboristerie, l’acupuncture, ou l’homéopathie, ou encore de trouver d’autres centres d’intérêts comme étudier ou se rapprocher de la nature. Nous découvrirons peut-être que le premier pas est de bien dormir ; nous aurons éventuellement besoin d’être un peu plus structuré ; ou peut-être aurons-nous besoin d’arrêter toute drogue ou alcool. Il est possible que nos priorités soient de trouver un logement ou un nouveau travail, ou que nous ayons besoin d’établir un réseau solide de soutien ou d’ami(e)s de confiance ; et il peut être important d’oser parler avec plus d’honnêteté et de vulnérabilité de ce que nous traversons.

Le processus pourrait sembler mystérieux et arbitraire, et face à cela, une attitude d’accueil et de patience est essentielle.

Parce que chacun de nous est unique, c’est comme si nous naviguions dans un labyrinthe, perdant notre chemin et le retrouvant, traçant notre propre carte à mesure que l’on avance.

Labyrinthe - Neptune


Regard critique sur les “troubles mentaux” et la psychiatrie

Les psychiatres mettent les gens sous traitement en raisons d’expériences humaines étiquetées “troubles mentaux” : détresse émotionnelle extrême, souffrance accablante, changements brusques d’humeur, croyances inhabituelles, comportements gênants, et mystérieux états de folie. Actuellement des millions de personnes dans le monde, y compris des enfants et des personnes âgées, prennent des médicaments psychotropes quand ils/elles sont diagnostiqué(e)s avec un trouble bipolaire, une schizophrénie, une dépression, de l’anxiété, un déficit de l’attention, une obsession compulsive ou un stress post-traumatique. Les chiffres augmentent chaque jour.

Pour beaucoup de personnes, les médicaments psychotropes sont très utiles. Mettre un frein à une vie hors de contrôle,être capable de travailler, d’étudier, d’avoir des relations personnelles, de s’endormir, et de tempérer des émotions extrêmes peut sembler vital. La sensation de soulagement est parfois spectaculaire, et les médicaments peuvent susciter des émotions très puissantes, et même un sentiment de salut. Mais l’aide que les médicaments psychotropes offrent à de nombreuses personnes peut laisser peu de place et de visibilité aux expériences faites par d’autres qui considèrent ces médicaments comme néfastes, blessants et mettant même leur vie en péril. En conséquence, il est rare de trouver dans la société une compréhension claire de comment et pourquoi ces médicaments fonctionnent, ou une discussion honnête sur les risques, les alternatives, et la manière de les arrêter si les gens le souhaitent.

Art - Neptune

Les médecins et les publicités à la télévision racontent aux gens que les médicaments psychotropes sont nécessaires en cas de maladie biologique, tout comme l’insuline est nécessaire en cas de diabète. Ils promeuvent l’idée que les médicaments corrigent des déséquilibres chimiques et traitent des anormalités du cerveau. Cependant, la vérité est autre : “biologie” et “déséquilibres chimiques” sont devenus des simplifications accrocheuses pour convaincre les gens de mettre leur espoir dans les médecins et les solutions rapides. Ces termes manquent de clarté et sont en réalité bien plus complexes. Les facteurs biologiques (comme la nutrition, le repos et les allergies alimentaires) affectent tout ce dont nous faisons l’expérience, mais parler de “causes” ou de “fondements biologiques” installe la croyance que les médicaments seraient la clé de nos problèmes. Dire que quelque chose a une cause ou un fondement biologique peut répandre l’idée que la solution doit toujours être médicale, et que le “traitement” doit inclure des médicaments psychotropes. Une fois que les gens reçoivent un diagnostic et commencent à prendre un traitement, il est facile de percevoir les médicaments comme physiquement nécessaires à la survie.

Il n’existe pas de données scientifiques solides qui permettent de considérer les troubles mentaux comme de simples dysfonctionnements biologiques “corrigeables” par les médicaments. De plus, de nombreuses personnes diagnostiquées même de la plus sévère bipolarité ou schizophrénie parviennent à se rétablir complètement sans médicaments. Les expériences qui sont étiquetées comme des troubles mentaux ne sont pas “incurables” et ne durent pas toujours “à vie” : elles sont plus mystérieuses et imprévisibles. Pour certaines personnes, les médicaments psychotropes sont des outils pratiques qui modifient leur état de conscience de façon utile, mais ce ne sont pas des traitements nécessaires pour soigner une maladie.

Une fois que vous reconnaissez cela, davantage de possibilités deviennent envisageables. Par ailleurs, les risques potentiels des médicaments psychotropes sont alors examinés de plus près, et ils sont très sérieux – maladies chroniques, déficience mentale, dépendance, aggravation des symptômes psychiatriques, et même risque de décès précoce.
Les médicaments psychotropes représentent un marché multimilliardaire, tout comme le pétrole ou les dépenses militaires, et les entreprises possèdent la motivation et les moyens de dissimuler des faits concernant leurs produits.


Si l’on regarde plus attentivement la recherche et que l’on examine les revendications du système de santé mentale de plus près, on découvre une réalité bien différente de celle que “l’industrie des pilules” et de nombreux médecins nous amènent à croire. Les entreprises pharmaceutiques suppriment des évaluations précises sur les risques des médicaments, induisent en erreur les patients quant à l’importance des controverses autour des théories du trouble mental, promeuvent une compréhension erronée du fonctionnement des médicaments psychotropes, empêchent le financement et la publication de recherches sur des approches alternatives, et masquent le rôle du traumatisme et de l’oppression dans la souffrance mentale. Pour une grande partie du système de santé mentale, une seule chose est valable pour tout le monde, sans prendre en considération le coût humain : les scandales vont grandissant, et la fraude et la corruption qui entourent certains médicaments psychotropes atteignent les proportions de l’industrie du tabac.

Dans cet environnement culturel complexe, les gens sont à la recherche d’une information précise sur les risques et avantages possibles afin de pouvoir prendre leurs propres décisions. Trop souvent, les personnes qui ont besoin d’aide pour diminuer et arrêter ces traitements ne reçoivent aucun soutien ou conseil. Parfois le désir d’arrêter les médicaments est perçu en lui-même comme le signe d’une maladie mentale – et d’un besoin de plus de médicaments.

Lorsque nous discutons des “risques” et des “dangers”, il est important de comprendre que toute vie comporte des risques : chacun(e) d’entre nous fait le choix tous les jours de prendre des risques acceptables, comme conduire une voiture, faire un métier stressant, ou boire de l’alcool.

Il est probablement impossible de prédire exactement comment ces risques vont nous affecter, ou de les éviter entièrement, mais il est important de les connaître autant que possible. Examiner les risques des traitements signifie également examiner les risques des souffrances émotionnelles/”psychoses” en eux-mêmes, et ainsi prendre la meilleure décision vous concernant. Peut-être les médicaments psychotropes sont-ils la meilleure option compte tenu des circonstances et de la situation qui sont les tiennes, ou peut-être devrais-tu essayer de les réduire ou de les arrêter. Ce guide n’a pas pour but de vous influencer dans un sens ou dans l’autre, mais de vous aider à prendre connaissance des choix qui s’offrent à vous si vous décidez de tenter l’arrêt des médicaments.

En raison de l’influence des pro-médicaments, il existe très peu de recherches sur le sevrage des médicaments psychotropes. Pour réaliser ce guide, nous nous sommes basés sur les meilleures informations disponibles, y compris d’excellentes sources provenant du Royaume-Uni, et nous avons travaillé avec les conseils d’un groupe de professionnel(le)s de santé (voir plus loin) comprenant des médecins psychiatres, infirmières, et praticiens alternatifs, qui ont tous une expérience clinique dans l’aide aux personnes désirant arrêter leur traitement médicamenteux. Nous nous sommes également appuyé(e)s sur la sagesse collective d’un réseau international de pairs, d’allié(e)s, de collègues, d’activistes et de guérisseurs qui sont en lien avec le Freedom Center et The Icarus Project, comme avec des sites internet tels que Beyond Meds. Nous vous encourageons à utiliser ce guide non comme une source définitive, mais comme un point de départ à vos propres recherches et apprentissages. Et nous espérons que vous partagerez ce que vous aurez appris avec d’autres et contribuerez à de prochaines éditions.


Déclaration universelle des droits et libertés mentales

1. Tous les êtres humains sont différents. Chaque être humains a le droit d’être mentalement libre et indépendant.

2. Chaque être humain a le droit de tout sentir, voir, entendre, comprendre, imaginer, croire ou expérimenter, de quelque manière et à quelque moment que ce soit.

3. Chaque être humain a le droit de se comporter de quelque façon que ce soit qui ne nuise pas aux autres ou ne viole pas des lois justes et équitables.

4. Aucun être humain ne sera soumis sans son consentement à une incarcération, une restriction, une punition, ou une intervention médicale ou psychologique dans le but de réprimer, contrôler ou altérer ses pensées, ses sentiments ou ses expériences.


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Se faire mal est une pratique courante dans notre société https://icarus.poivron.org/se-faire-mal-est-une-pratique-courante-dans-notre-societe/ https://icarus.poivron.org/se-faire-mal-est-une-pratique-courante-dans-notre-societe/#respond Sun, 10 Apr 2016 22:42:22 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=402 Qu’est-ce que se faire du mal pour toi ?

Pourquoi ?

  • Travailler dur
  • Fumer
  • Courir un marathon
  • Suivre un régime
  • Ne pas suffisamment dormir
  • S’entraîner excessivement
  • Ne pas faire d’exercice du tout
  • Se percer (faire du piercing)
  • Boire de l’alcool
  • Marcher avec des talons hauts
  • Se tatouer
  • Ne pas manger sainement
  • Pratiquer l’alpinisme
  • Vivre avec quelqu’un qui vous insulte
  • Faire du skate
  • Du ballet
  • De la chirurgie esthétique
  • Faire du sexe sans protection
  • Porter un corset
  • BDSM
  • Jeûner
  • Faire un boulot qu’on déteste
  • Conduire dangereusement
  • Se bagarrer
  • Pratiquer le saut en parachute
  • Le Base Jump
  • Entreprendre une psychanalyse
  • Travailler même quand on est malade
  • S’épiler (à la cire… etc.)

Savais-tu que beaucoup de personnes s’auto-blessent ?

Personne ne sait exactement combien de personnes se blessent elles-mêmes. Beaucoup gardent leur automutilation secrète. Mais nous savons de façon sûre que tu n’es pas seul. Beaucoup de personnes s’automutilent. Tous types de personnes : hommes, femmes, jeunes, vieux…
Ça peut aider d’entendre parler des expériences d’autres personnes.
La douleur fait partie de nombreuses traditions culturelles et religieuses dans le monde et tout au long de l’Histoire. Le chapitre Rituels en donne quelques exemples. Même si toutes ces traditions ne sont pas bénignes, leur existence prouve que l’automutilation n’est pas aussi étrange ou extraordinaire que certains voudraient le croire.

Tu peux écouter l’interview de Ruta Mazelis (en anglais). Elle s’est coupée pendant de nombreuses années et parle de comment c’était.
http://www.madnessradio.net/madness-radio-ruta-mazelis-cutting-edge-self-injury-9-27-06
Il y a des gens sur les forums du projet Icarus qui s’automutilent ou l’ont fait dans le passé. Ils parlent de leurs expériences et partagent leurs astuces. Tu peux lire ces messages ou t’inscrire pour publier tes expériences.
http://www.theicarusproject.net/forums/viewforum.php?f=113 (forum francophone)

Tu trouvera aussi de nombreux témoignages et contributions de personnes qui s’infligent des violences (self-inflicted violence) sur le site de Ruta Mazelis. Notamment dans les archives de la newsletter The Cutting Edge :
http://healingselfinjury.org/archivedissues.html

Voici quelques unes des choses que les gens du projet Icarus ont écrit :

Savez-vous quels sont les 3 types de populations chez qui l’automutilation est le plus courant ?

  • Les animaux en captivité.
  • Les prisonniers.
  • Les jeunes femmes victimes d’abus, en particulier de viols.

J’étais persuadée que j’étais moche et ça m’a conduit à l’automutilation… Je m’automutilais aussi parce que j’avais peur de ma sexualité.

C’était une chose simple et claire sur laquelle je pouvais me concentrer pendant une courte période de temps qui me ramenait dans le présent. Ça dissipait le brouillard et à partir de là je pouvais me purger — pleurer, crier, peu importe — et ensuite m’endormir.

Ce fût une expérience vraiment difficile. Comprendre ce que je faisais et que je le faisais pour prendre soin de moi (ce qui est sans aucun doute une BONNE chose !) fût utile. Me forcer à arrêter ne le fût pas.

Saviez-vous que presque toutes les cultures au cours de l’histoire de l’humanité ont utilisé la douleur et le fait d’infliger de la douleur (souvent auto-infligée ou infligée par des membres de la famille/des dirigeants religieux) comme rite de passage, cérémonies de guérison (à la fois physique et spirituelle) et cérémonies religieuses?

Je me demande encore quelle est la différence entre modification corporelle et automutilation – y’a-t-il une différence ?
Je ne suis pas si sûre que demander à un étranger de frotter de l’encre contre une plaie ouverte pour 150$ soit plus acceptable que de me couper à la maison gratuitement.

Je me coupe pour essayer de me contrôler et pour générer des émotions pendant les périodes où je dois gérer mon propre silence.

Le comportement d’auto-blessure a lieu dans un état « dépersonnalisé » où le sujet est émotionnellement séparée de sa conscience d’elle même. Alors qu’il est communément associé au trouble de la personnalité borderline, le comportement d’auto-blessure arrive à toute sorte de personnes.

 

Ce que des filles du Young Women’s Empowerment Project (YWEP) disent :

Certaines filles considèrent aussi le fait de se couper ou de se blesser elles-mêmes comme une forme apaisante de self-care. Cela nous a
amené au YWEP à renommer ce que certaines personnes appellent « auto-blessure ou auto-mutilation ». Nous l’appelons maintenant
« Auto-blessure de Résistance ». Nous l’appelons ainsi parce que de nombreuses filles qui participent au Girls Fight Back Journal ont dit
qu’utiliser l’auto-blessure de manière contrôlée était une pratique importante pour tenir le coup. Des filles disent qu’elles ne faisaient pas ça pour se blesser, elles écrivaient qu’elles le faisaient pour se sentir mieux.

De nombreuses filles ont écrit des histoires de modification corporelle, comme se faire à elles-mêmes et à des amies des tatouages et des piercings. Des personnes interrogées parlaient de se réapproprier leur corps à travers la modification corporelle. « La modification du corps peut signifier l’autonomie du corps pour les filles » selon une participante au journal. D’autres filles écrivaient sur les formes plus compliquées d’auto-blessure comme se briser des os ou se faire des entailles ou des brûlures sur leur peau. Plutôt que de juger cela comme « mauvais » ou « dangereux », nous avons décidé d’utiliser la réduction des risques comme une manière de le comprendre. Nous avons respectés le fait que ces filles aient écrit ces histoires d’auto-blessure de résistance dans la section « comment guéris-tu ou prends-tu soin de toi ?» de notre journal.

Il est important de se souvenir que chacune utilise l’Auto-blessure de Résistance pour différentes raisons.
Par exemple, l’Auto-blessure de Résistance a été vue comme une manière pour des filles d’avoir le contrôle de leur propre corps. Une
fille parlait de son auto-blessure de résistance comme étant quelque chose qui lui donnait de la force. Parce qu’elle se blessait elle-même
plutôt que quelqu’un.e la blesse. L’Auto-blessure de Résistance peutêtre une manière de prévenir ou de sortir de la dissociation. Certaines
filles disaient que cela pouvait être une manière de gérer les moments où sont ravivés des souvenirs difficiles parce que cela te ramène dans
ton corps et dans le moment présent.

 

Pour en savoir plus

Cette article est extrait de la brochure « SE FAIRE MAL » (Hurting Yourself) disponible ici:

se faire mal cover2 56 pages couleurs en PDF (762 kB)

ou téléchargez la Version en noir et blanc

 

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Vivre avec des sentiments suicidaires https://icarus.poivron.org/vivre-avec-des-sentiments-suicidaires/ https://icarus.poivron.org/vivre-avec-des-sentiments-suicidaires/#respond Thu, 18 Feb 2016 15:15:16 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=220 Le texte suivant est la traduction d’un texte écrit par Will Hall, publié pour la première fois sur le Scottish Recovery Network

 

Le temps d’une nouvelle compréhension des sentiments suicidaires est venu.

Est-ce vraiment le mieux de contraindre quelqu’un.e dans un hôpital lorsqu’il/elle est suicidaire ? Est-ce que les sentiments suicidaires et les « facteurs de risques » signifient vraiment que des professionnel.les peuvent prédire si quelqu’un.e pourrait essayer de se tuer ? Et est-ce que les sentiments suicidaires sont un symptôme d’une maladie curable qui devrait inclure la prescription de médicaments ?

J’étais enfermé dans les urgences psychiatriques de l’hôpital général de San Francisco parce que l’isolement était considéré comme nécessaire pour me protéger du suicide. Mais lorsque j’étais attaché de force, enfermé dans une cellule d’isolement, menacé d’être fouillé au corps, maintenu derrière les barreaux des fenêtres de l’hôpital pendant des mois et soumis à des traitements dégradants, c’était de l’hôpital dont j’avais besoin d’être protégé – pas des mes propres sentiments.

Si les gen.tes ne sont pas toujours maltraité.es dans les unités d’hospitalisation comme je l’ai été aux États-Unis, le mal qui m’a été fait au nom du soin est une tragédie trop commune. Même si certain.es patient.es sont reconnaissant.es du fait d’avoir été interné.es contre leur volonté, et même si nous reconnaissons une diversité d’expériences dans les hôpitaux, la question subsiste : Est-ce que la possibilité de blesser des gen.tes comme je l’ai été en vaut la peine ?

Est-ce que la société tolérerait n’importe quelle autre intervention médicale avec de telles possibilités de risques dévastateurs, avec un nombre si élevé de traumatismes iatrogéniques ? Ne devrions nous pas chercher d’autres approches, avec moins de risques d’être blésé.es, au lieu de simplement accepter la violence institutionnelle régulière/systématique ?

Blesser certain.es patient.es et violer leur liberté personnelle, est, à ce qu’on dit, le prix que nous payons pour prévenir le suicide. Mais est-ce que ce calcul est un calcul efficace ? Que dit la recherche par rapport à la prévention du suicide ?

L’armée des États-Unis, faisant face à des taux de suicide plus élevés que ceux des morts au combat, a résumé les recherches existantes dans une étude du Walter Reed Army Medical Center. On y trouve que « …même lorsque tous les facteurs de risques connus sont considérés ensemble, ils pourraient seulement rendre compte d’une faible proportion des variances dans les comportements suicidaires. Cela étant dit, les facteurs de risque connus ne fournissent pas aux clinicien.nes les informations suffisantes pour prévenir le suicide ». Il en résulte que les hôpitaux commettent de nombreuses erreurs « faussement positives », et les interventions « bien intentionnées » touchent sûrement de nombreuses personnes pour qui l’intervention n’est pas nécessaire. L’étude liste certains des effets défavorables des interventions  : violation de la confidentialité, dégâts sur la relation thérapeutique, stigmate accrus, abandon du traitement, et évitement de « conversations franches autour des idées suicidaires dans le futur » [1]

Les interventions forcées et intrusives ne sont pas basées sur un calcul intelligent de prévention des risques. Au lieu de ça, elles font régulièrement du mal aux gens, et découragent de nombreuses personnes, qui ont peur des traitements involontaires, de demander de l’aide. (Et les gen.tes apprennent parfois à utiliser le langage de la « sécurité » et du « suicide » pour demander l’hospitalisation lorsque aucune autre option de traitement n’est envisagée – plutôt que de parler de la douleur, de la peur, de la tristesse, ou du sentiment d’abandon qu’iels ressentent). Pour être honnête, les interventions forcées ne peuvent pas être montrées comme étant actuellement un moyen de prévenir le suicide, ce qu’elles traitent réellement c’est la peur de la responsabilité entretenue par les professionnel.les. Nous avons besoin d’une nouvelle approche.

Nous avons besoin de parler ouvertement de nos sentiments suicidaires sans la peur d’une réaction institutionnelle.

Lorsque nous avons ces discussions, que j’ai eu durant les 12 dernières années en tant qu’organisateur de groupe de soutien, formateur, et maintenant en tant que thérapeute, nous apprenons que les sentiments suicidaires sont beaucoup plus communs qu’on ne le pense. De nombreuses personnes vivent avec des sentiments suicidaires, et être capable de parler de l’envie pressante de mourir, comme être capable de parler de n’importe quelle détresse extrême, est la clé de la rémission.

Les gen.tes deviennent suicidaires à cause de circonstances de vie et d’expériences réelles. Si les effets secondaires des drogues (parfois des médicaments psychiatriques eux-mêmes), l’exposition chimique, et d’autres facteurs peuvent contribuer, les sentiments suicidaires ne peuvent pas toujours être expliqués comme étant le symptôme d’une chimie du cerveau défaillante qui doit être corrigée par des médicaments. Les médicaments, lorsqu’ils aident, ne contrent aucun processus de maladie connue, et souvent l’attente et l’effet placebo sont responsables des effets du médicament. Comme Joanna Moncrieff et David Cohen l’ont écrit dans le British Medical Journal de Mai 2009, « …les médicaments psychiatriques sont, d’abord et surtout, des médicaments psychotropes. Ils induisent un état physique et mental complexe, varié, souvent imprévisible que l_ patient.e vit comme une expérience globale, plutôt qu’en distinguant les effets thérapeutiques et les effets secondaires. Les médicaments peuvent être utiles parce que certains états altérés peuvent supprimer les manifestations de certaines maladies mentales. » [2]

Lorsque nous commençons à écouter nous découvrons également quelque chose de vraiment surprenant. Les sentiments suicidaires ne sont pas la même chose qu’abandonner la vie. Les sentiments suicidaires expriment souvent un besoin puissant et submergeant d’une vie différente. Les sentiments suicidaires peuvent être, d’une manière désespérée et difficile, une demande pour quelque chose de nouveau. Écoutez une personne qui est suicidaire et vous entendrez souvent un besoin de changement tellement important, tellement indispensable, qu’elle préférerait mourir plutôt que de continuer à vivre sans ce changement. Et lorsque la personne se sent incapable de faire arriver ce changement, elle devient suicidaire.

L’aide vient lorsque la personne identifie le changement qu’elle veut et commence à croire qu’il peut actuellement arriver. Que ce soit de dépasser une situation familiale impossible, de changer de carrière ou d’étude, de faire face à un.e oppresseur.e, de soulager une douleur physique chronique, d’éveiller une inspiration créative, de se sentir moins seul.e, ou de commencer à considérer qu’on en vaut la peine, à la racine des sentiments suicidaires il y a souvent l’impuissance à changer ta vie – pas d’abandonner la vie elle-même.

Le suicide est et restera toujours un mystère. Nous ne savons jamais pourquoi, face à cette terrible envie de mourir, une personne mettra fin à ces jours et une autre reviendra du bord. La science de la suicidologie n’a pas de réponse concluante pour expliquer pourquoi je suis vivant aujourd’hui, comment j’ai survécu à mes sentiments suicidaires et enduré des états de désespoir si profonds que je ne pouvais ni me nourrir ni quitter mon appartement. Je ne saurais jamais pourquoi je suis l’une des personnes qui, au Golden Gate bridge à San Franscisco, ne s’est pas laissée tomber dans l’eau en dessous mais s’est, au lieu de cela, retournée et a marché vers le bord. Je suis reconnaissant envers la chose qui à l’intérieur de moi, dans le monde ou l’univers, me laisse vivre.

Alors que j’ai trouvé aujourd’hui un engagement pour vivre, je lutte encore parfois avec des sentiments suicidaires. Je vis avec ces moments, ces jours, ou même ces semaines de douleur extrême parce que j’ai des ami.es proches assez courrageu.ses pour écouter et montrer qu’iels y font attention – plutôt que de sur-réagir avec de la peur et de m’envoyer vers des professionnel.les en santé mentale qui comptent sur les traitements forcés. Et j’ai appris à rencontrer mes sentiments suicidaires comme des messagers du changement, une opportunité de chercher à l’intérieur de moi-même de nouvelles directions pour ma vie.

Je veux vivre dans un monde où nous pourrions parler ouvertement de ce qui nous arrive, de nos sentiments et de nos rêves, y compris les sentiments de vouloir mourir que nous avons parfois. Je pourrais vous demander de m’appeler plus tard, ou de rester chez moi, je pourrais vous demander de me donner le flacon de pilules que vous avez ou je pourrais même vous demander si vous ne vous sentiriez pas plus en sécurité dans un hôpital.

Mais je ne substituerais pas le fait de vous écouter par une évaluation des risques, la fausse sécurité de l’isolement forcé ou la croyance rassurante dans des explications et des solutions simples. Les sentiments suicidaires font partis des pires formes de souffrance de l’humanité : la réponse que nous donnons est un appel à nôtre plus grande humanité.

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Notes

Je suis reconnaissant envers David Webb, Janice Sorensen, Ed Knight, Arnold Mindell, et le Western Massachusetts Recovery Learning Community pour leur travail innovant sur ces questions.

[1] “Army Suicide Surveillance: A Prerequisite to Suicide Prevention” by Gregory Gahm and Mark Reger. In E. Ritchie (Ed.), Combat and Operational Behavioral Health (pp.393-402). Department of Defense, Office of the Surgeon General, US Army, Borden Institute. Found at
https://ke.army.mil/bordeninstitute/published_volumes/combat_operational/CBM-ch24-final.pdf

[2] “How do psychiatric drugs work?” BMJ 2009; 338 doi:
http://dx.doi.org/10.1136/bmj.b1963 (29 May 2009. BMJ 2009;338:b1963)

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