Brochures https://icarus.poivron.org Créer des réseaux de soutien en santé mentale radicale dans un monde devenu fou. Wed, 23 May 2018 15:26:16 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.6 https://icarus.poivron.org/uploads/2015/02/cropped-cropped-youarenotalone-32x32.jpeg Brochures https://icarus.poivron.org 32 32 Folie et oppression – Transformer nos communautés https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-transformer-nos-communautes/ https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-transformer-nos-communautes/#respond Wed, 23 May 2018 15:13:03 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=743 Section IV : Transformer nos communautés

Par où commencer pour s’attaquer aux oppressions dans nos communautés ?

Nous pouvons commencer par en parler. Il y a de nombreux effets positifs à parler de l’oppression dans nos communautés. Par exemple :

Quand nous comprenons et conscientisons ce qui est réellement en train de se passer, et pourquoi, nous pouvons le cibler et commencer réellement à résoudre les problèmes. Il n’y a aucun bénéfices – que des coûts – aux inégalités.

Les gens sauront qu’il·les ne sont pas seul·es.

Si nous ne l’explorons pas, nous laissons ça aux autorités et leur point de vue est certes important, mais limité. Si nous l’explorons, nous avons une chance de réduire la folie et l’oppression, de nous améliorer personnellement et collectivement.

L’oppression doit d’abord être comprise pour pouvoir lutter contre. La communauté dans son ensemble doit comprendre comment l’oppression est générée par des groupes et dirigée contre les individus de la communauté.

Parler de ces problèmes de manière safe ne peut avoir qu’un effet positif sur chacun·e

Ça nous rapproche : on peut approfondir comment mieux soutenir les personnes avec des émotions ou des comportements qui perturbent leur vie.

En explorant ce que signifie l’oppression, nous accédons à davantage de compassion. Les gens ont tendance à déshumaniser ce qu’iels ne comprennent pas.

C’est avantageux pour tout le monde car, en devenant mieux conscient de sa souffrance chacun·e est susceptible de sortir de l’ombre, rejoindre des projets ou en créer de nouveaux pour à terme éradiquer toutes formes d’oppression.

Dénoncer des situations d’oppression aide les individus à se forger un sentiment de justice. Cela permet à la communauté de percevoir l’oppression et d’y mettre fin.

Faire le travail. S’auto-éduquer. Les gens ont besoin de s’éduquer, d’en parler, être ok avec le fait de ne pas se sentir à l’aise.

S’engager dans des luttes sociales. Contribuer à sa manière, que ce soit en manifestant dans les rues ou en envoyant des courriers.

Signer des pétitions.

Prendre la parole à des réunions du conseil municipal.

Interpeller les autorités publiques.

En parler autour de vous, transmettre vos ressources.

Mettre fin au silence. En parler. Le nommer.

Montrer du soutien.

La visibiliser: en parler à nos ami·es.

Ne pas avoir peur d’en parler avec franchise.

Être réactif·ves face aux « -ismes » et aux phobies dès qu’elles se montrent.

Être un·e bon·ne allié·e.

Contribuer à faire savoir qu’on est là, dans sa communauté.

Apprendre à ses enfants que les parents LGBT sont comme les leurs et que les sans-logis sont des êtres humain·es.

Les gens peuvent s’informer elleux-même sur le PTSD et comprendre que ça fait partie de la personne que je suis, et iels m’apprécieront d’autant plus pour qui je suis ; moi, et les autres personnes qui en souffrent.

Intervenir quand tu es témoin de harcèlement.

Proposer à d’autres personnes de faire des actions, avec toi et en groupe. Militer peut être un bon moyen pour s’informer sur les oppressions, la notion de privilège, le racisme, le classisme, etc.

Soutenir les familles dans nos communautés. Rendre les espaces inter-générationnels pour inclure les enfants et les plus âgées.

Soutenir les luttes des personnes sans logis à avoir le droit de gérer leur pauvreté. Elleux peuvent te proposer de les aider en tant qu’allié dans un cadre qui leur convient, pour lutter ensemble contre leur stigmatisation et pour relayer leurs propres discours sur leurs luttes.

Je crois que la première étape est de cultiver son ouverture d’esprit, et croire que nous sommes tout·es capable de se rétablir et de changer

Participer à des actions d’envois massifs de lettre de plaintes aux grandes entreprises.

Accepter qu’il y ait d’autres personnes comme moi et que j’ai envie de les aider.

Accepter que ma créativité soit liée aux épreuves que j’ai traversé dans la vie.

Aller à des manifestations pour soutenir d’autres personnes.

Envoyer des mails et des courriers aux élu·es locaux ou nationaux.

Coller des stickers anti-racistes.

En parler autour de soi pour faire évoluer les consciences.

Cultiver sa paix intérieure, c’est indestructible.

Ce que nous avons mis e en place pour atténuer l’oppression

Brûler d’envie de changer les situations, d’amener les autres à comprendre que la vie est belle et précieuse.

Je pense que le fait de ressentir de l’oppression, m’a donnée une immense compassion et une grande compréhension.

J’ai écrit et monté des pièces de théâtre, j’ai peint et dessiné des belles images. Je n’aurais pas pu faire ces choses, si je n’avais pas traversé une telle souffrance.

Ça m’a rendu·e plus fort·e dans ma foi.

Je me suis fait des ami·es, et j’ai approfondi des relations.

J’ai pris la parole.

J’ai fait des fanzines.

J’ai participer à amorcer et contribué à plusieurs mouvements de lutte contre l’oppression.

Parfois, je pense au nombre de gens qui doivent se sentir un peu comme moi, et ça m’inspire pour écrire des zines ou de la fiction. Penser qu’il y a cette audience que je ne connais pas et qui accorde peut-être de la valeur à mes mots.

Je me suis senti·e accepté·e dans une communauté qui valorise les gens pour qui il·les sont.

J’ai ressenti une libération en commençant à m’accepter entièrement.

J’essaye d’impliquer d’autres usager·es/survivant·es dans la création d’un groupe centré sur des conceptions alternatives de la santé mentale et du bien-être et sur des actions politiques pour opérer des changements au niveau systémique.

Le seul « remède » face à l’impuissance est l’activisme social et politique – ma seule préoccupation est de prendre soin de celles et ceux qui crisent ou s’effondrent et ne trouvent pas de communauté de soutien. Nous devons travailler là-dessus en tant que communauté.

J’ai appris à renforcer mes chakras et mon aura afin de ne pas être bombardé·e par l’énergie négative des autres.

Je fais passer en priorité ma santé, ma sécurité et l’expression de ce que je suis.

J’essaie d’être quelqu’un·e de bien avec les autres, d’être la meilleure personne que je puisse être pour rendre le monde plus supportable.

Je ressens un besoin intense de tout changer, ou au moins de remuer tout ça.

J’ai tendance à philosopher dans le confort de ma chambre, aller prendre l’air, et écrire de la poésie pour honorer de tels sentiments et pas partir complètement en burn-out.

Je m’organise avec d’autres afin de nous rendre plus fort·es pour surmonter/vaincre nos oppressions.

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Folie et oppression – Faire face à l’oppression https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-faire-face-a-loppression/ https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-faire-face-a-loppression/#respond Wed, 23 May 2018 15:11:30 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=741 Section III : Faire face à l’oppression

Comment fais-tu face aux impacts de l’oppression ?

Mes ami.es

Faire de l’exercice

En mangeant sainement

Yoga

Expression créative

En faisant du vélo

Des étirements

En me battant contre l’oppression

Activisme!_

Méditation

Rire. Toujours rire

Réseau social

Dessiner

Arts martiaux

Nature_

Icarus

Écrire

Faire partie d’une communauté

Apprendre des choses

Prier

Savoir que je ne suis pas complètement détruit·e!

Soutien entre pair.es

Avoir mes propres opinions

L’humour

L’intellectualiser

Compassion

Aider d autres personnes

Lire

Jouer avec un·e animal·e

Aller à la gym

Pratique spirituelle_

Thérapie

Homéopathie

Musculation

Faire des câlins

Avoir Une routine

En parler ouvertement

Sculpture

Danser

Filmer

Faire de la photographie

La solidarité avec d’autres

Art

Musique

Choisir mes combats

Essayer de prendre soin de moi

Étudier

Réfléchir

Briser les stéréotypes

Faire des choses qui me rendent heureux·se

Dire ce que je pense

Des relations positives

Admettre lorsque je ne me sens pas bien

Prendre position

M’instruire

Limiter l’exposition à un·e oppresseur·e

Renforcer mon amour_ envers moi-même

J’ai développé des capacités rhétoriques

Revendication

Ne pas me fermer aux défis

Lire des déclarations, des essais et des poèmes qui donnent de la force

Organiser

Apprendre à d’autres

En apprenant à dire « non »

Ne pas avoir peur de dire la « vérité » telle que je la vois_

Le pouvoir de la pensée et de l’action positive

En communiquant avec d’autres

Avoir une famille choisie

Contextualiser ce comportement dans une violence systémique, ainsi cela est moins blessant

Voir un·e conseillèr·e

S’autoriser à pleurer

Lire d’autres personnes qui font l’expérience de l’oppression afin de me sentir moins seul·e

Aller à des rassemblements

En écrivant

Écouter de la musique joyeuse

Se rappeler à soi-même que tout le monde

ne nous traitera pas aussi violemment

Se rappeler à soi-même que les oppresseurs sont en tort, pas nous

Reconnaître ce que l’on ressent, le vivre dans nos corps, et ensuite, après un moment, essayer de le faire sortir de soi

Respirer profondément

Transformer les émotions en action : trouver une manière saine de faire tout le travail émotionnel qui doit être fait

S’évader dans un livre ou une émission télé

Méditer_ sur la simplicité et des solutions non-violentes

Prendre position

Développer une bonne relation avec un·e professionnel·le de santé en qui j’ai confiance

S’autoriser à prendre un jour ou deux pour s’en remettre

Se souvenir que la vie n’est pas une course

Chanter

Reiki

Détox

Faire de l’exercice

En étant dans la nature

En prenant soin d’animaux

Soutenir d’autres personnes

Être une ami·e et apprendre des choses à d’autres__

Écrire et lire

L’art

Exprimer l’inexprimable

S’aérer

Se rappeler que nous aimons la vie

Pratiques spirituelles

Faire plus plutôt que simplement exister

Prendre soin de soi

Chercher du soutien

Respirations profondes

Se parler à soi-même

Faire de l’exercice

Dormir

Comment navigues-tu dans les situations réactivantes ?

Essayer de rester calme

Se détacher aussi rapidement que possible

Écouter de la musique apaisante

Peindre

Avertir la personne qui a déclenché cette sensation que tu as besoin de prendre un moment et, une fois que c’est dit, prendre un verre d’eau

Chercher du soutien auprès d’autres personnes si tu te sens dépassé·e

Faire savoir aux gens comment elle·il·s t’affectent

Se désengager ou aller se promener

Chercher d’où vient l’anxiété

Rester dans ta zone de confort avec les personnes que tu connais, jusqu’à ce que tu trouves quelqu’un·e en qui tu as confiance et à qui tu pourras te confier

Comment les autres peuvent t’aider ?

Comment pouvons-nous nous entraider ?

 

Ne pas me dire « Tu vas t’en sortir » ou « ça va aller »

Ne pas m’ignorer

Normaliser mes ressentis

Me valider

Nommer l’oppression

Entrer en connexion avec d’autres qui ont des expériences similaires

M’écouter

Ne pas essayer de me guérir

Être présent·e

Écouter et reconnaître mon expérience

Me distraire

Me raconter une blague ou partager des histoires drôles

Regarder un film avec moi

Me parler de sujets superficiels, comme les célébrités ou la pop culture

M’aider à me concentrer sur les choses que j’aime

Admirer ma voix

Ne pas me dire comment je me sens

Parler de choses positives

Me proposer qu’on se retrouve

Me rendre visite

M’apporter un truc que j’aime

Me faire du thé

M’apporter des fleurs

Me montrer que tu m’aimes

Prendre part à l’action

Croire

Valider mon expérience

Normaliser ce que je ressens

Dire que ça ne va pas, que ça ne se fait pas

M’aider à atteindre un meilleur pallier d’existence

Me faire couler un bain

Me donner des vêtements confortables avec lesquels je peux me changer

Ne pas me décourager de mes rêves

Continuer à croire en moi malgré les épreuves que je traverse et les obstacles sur mon chemin

T’informer, t’auto-éduquer

Reconnaître que tu es capable d’avoir des attitudes racistes sans être raciste

Être là pour écouter, même si tu n’es pas d’accord avec moi

Discuter de sujets philosophiques

Ne pas fusiller mes idées

Me traiter comme un·e adulte

Me dire que tu m’aimes, peu importe ce qui m’arrive

Rester avec moi

Me donner de l’espace

Être attentiv·e

Être patient·e

Être compréhensif·ve

Montrer de la compassion

Me rappeler ce dont je suis capable

M’aider à utiliser certaines de mes compétences

Être là pour moi

Ne pas m’abandonner

M’aider à relâcher la pression

Proposer de faire des courses

Me rappeler qu’il me faut du temps pour guérir

Ne pas me mettre la pression

Accepter mes sentiments

Ne pas donner de conseil non sollicité

Me rappeler des choses qui m’ont aidé.e dans le passé

Proposer d’appeler mon·ma thérapeute pour moi

Ne pas dire « Je sais exactement comment tu te sens »

Me faire un câlin

Croire en ce que je dis

Me tenir la main

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Folie et oppression – Les effets de l’oppression https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-les-effets-de-loppression/ https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-les-effets-de-loppression/#respond Wed, 23 May 2018 15:09:56 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=739 Section II : Les effets de l’oppression

Comment l’oppression affecte nos sentiments ?

Certain·es d’entre nous se sentent :

En colère

Agité·e

Énervé·e

Épuisé·e émotionnellement_

Enragé·e

Triste

Désespéré·e

Désolé·e

Sans défense

Impuissant·e

Honteux·se

Inquiet·e, Préoccupé·e

Embarrassé·e

Frustré·e

Inutile

Anxieux·se

Trahi·e

Confus·e

Isolé·e

Épuisé·e physiquement

Rebel·le

Vide

Humilié·e

Méfiant·e

Contrarié·e

Découragé·e

Désorienté·e

Sur la défensive

Indigné·e

Impatient·e

Hostile

Tendu·e

Blessé·e

Désabusé·e

Aliéné·e

Comment l’oppression agit sur nos comportements ?

Voici quelques manières que nous avons de le décrire :

Je me cache

Je mange trop

Je suis incapable de manger

Je dors trop

Je fais de l’insomnie

Je devient violent·e

J’ai besoin de distance physique avec les gens

Je fais n’importe quoi

Je deviens soumis·e

Je deviens violent·e

Je me glace

J’arrête de parler

Je bégaie

Je m’effondre émotionnellement

J’arrête de prendre soin de moi

Je fais des cauchemars

Je deviens passif·ve agressif·ve

Je cherche à me venger

Je deviens effrayé·e par l’avenir

J’ai l’impression que ma vie se désagrège

Je fais de la dissociation

Je me replie

Je bats en retraite

Je m’évade dans un monde imaginaire

Je fais des convulsions

Comment l’oppression nous rend malade ?

Voilà quelques manières que nous avons identifié :

J’ai tenté de me suicider_

J’ai des pensées suicidaires

J’ai des attaques de panique

J’ai des migraines

J’ai mal au ventre

Je traverse une dépression

Je ressens de l’anxiété et de la paranoïa

J’ai des pensées négatives persistantes

J’ai des vertiges

J’ai développé des troubles alimentaires

J’abuse de l’alcool et/ou de drogues

Je fais des cauchemars

J’ai un sommeil perturbé

J’ai développé un ulcère

Tous mes symptômes s’amplifient

Peur et paranoïa des soins médicaux

Je me blesse moi-même

Je me hais

Je fais de l’insomnie

Ça déclenche des épisodes maniaques

Je vis avec un syndrome de stress post-traumatique

Je deviens « délirant·e »

Je deviens « psychotique »

Je fais de la dissociation

Je fais de l’eczéma

Je développe des comportements compulsifs

J’ai des comportements obsessionnels

Je suis déprimé·e

De quelles façons les micro-agressions compromettent-elles notre bien-être ?

Voici comment certain·es d’entre nous décrivent ce que ça leur fait :

Honte de soi

Palpitations cardiaques

Je suis vraiment bouleversé·e ou agité·e

Je suis excessivement aggressif.ve

Je me blesse moi même

J’ai peur

Je suis frustré.e

Je me sens triste et les souvenirs

reviennent par vagues

Je suis distrait·e et ne peux plus me concentrer

Je deviens inefficace

Je suis anxieu·se

J’ai des pensées intrusives

Acouphènes

Bouffées de chaleur

Flashbacks

Agitation

Crainte

Tristesse

Anxiété

Hyper-vigilance

Accélération du pouls

Colère

Désorientation

Vertiges

Nausées

Tremblements

Comment l’oppression affecte la manière dont on se perçoit ?

Je me sens vraiment mal dans ma peau

J’ai l’impression que je ferais mieux de ne pas être là

Je deviens égocentrique

Je suis en colère contre moi-même

Je me déteste

Je me surprends à montrer un idéal de moi, plutôt que d’être honnêtement moi-même

Je remets en cause ma capacité à atteindre des buts.

Je me demande si je connaîtrais le bonheur un jour

Je ne crois pas que je mérite d’être aimé·e

Je me sens si abattu·e

Je me demande si je ne fais pas tout de travers, ce qui m’amène rapidement à me sentir encore plus mal.

Je me sens à distance de moi-même, fracturé·e et incertain·e face à l’avenir.

Je me sens dissipé·e et indifférent·e

Je m’en veux

Je pense : »Je n’aurais pas du faire ça_! »

ça rend difficile de se sentir fort.e et important.e dans le monde

Chaque fois que ça se produit, je dois reprendre du début la relation avec moi-même.

La honte et la haine restent en moi, c’est très dur de passer au travers, de les dépasser

J’observe mon esprit tourbillonner avec colère, culpabilité, frustration

Je doute de moi

Je me sens désespéré·e et incapable de dépasser de vieilles blessures

Je ne peux pas faire face à l’idée de blessures à venir

J’ai des moments de bascule et des « décalages » qui, de l’extérieur, peuvent

ressembler à des sauts d’humeur, mais n’en sont pas.

Je me bats régulièrement contre la haine de soi et la honte

Je perds confiance en ma capacité à interagir avec les autres et à les juger

J’ai l’impression d’avoir moins de valeur et d’être inférieur·e à mes pair·es

Je me sens souvent étrangèr·e à moi-même

Quelles sont les conséquences sociales de l’oppression ?

Elle peut affecter nos relations avec nos ami·es, famille et partenaires ainsi :

Ma famille ne me parle pas

Je m’isole

Après que j’ai commencé à parler de ce que je vivais, ma famille a commencé à me traiter comme un·e moins que rien et à me dire que j’étais égoïste

Les ami·es qui ne comprennent pas l’oppression ne me connaissent pas pleinement parce qu’iels n’ont pas cette dimension de moi-même

Je dois lutter avec mes réactions intériorisées et conditionnées, que j’ai par rapport au sexe et qui m’alertent du style « danger, tu es entrain d’être manipulé·e » pour pouvoir en faire l’expérience autrement (je veux dire positivement) ou même, juste en faire simplement l’expérience

Je suis plein·e de ressentiments

Je me déchaîne avec colère contre ma famille et mes ami·es

Cela me rend méfiant·e

J’ai du mal à me faire confiance et à faire confiance à d’autres

Cela rend la communication très difficile

Cela me rend mal à l’aise dans des situations en groupe

J’ai des difficultés à socialiser et à exprimer de l’affection envers les autres en me sentant en sécurité

Parfois j’agis comme si j’étais opprimé·e dans mes relations, même lorsque je ne le suis pas

Cela peut affecter l’ensemble de notre communauté de ces manières :

Je m’isole

Je suis coupé·e du monde excepté de mes pair·es

Mes cercles de relations sont réduits et je n’ai pas de relations avec des personnes que j’ai connu quand j’étais plus jeune

Parfois je réalise que je prends beaucoup de temps pour faire des choses que d’autres personnes pourraient considérer comme étant de la communication de base

Je limite l’intensité de mes relations aux personnes autour de moi dans les espaces publics et dans la communauté à cause de mon manque de confiance et de la peur de ne pas être accepté·e ou respecté·e

J’ai toujours du mal à croire que je serais accepté·e et que des gens me feront confiance

Je n’ai pas l’impression d’appartenir à ma communauté

Mes interactions sont limitées et superficielles. Je mets un masque et reste dans les rangs

Je ne peux laisser personne connaître mes difficultés

Je suis complètement persuadé·e que la communauté me déteste et ne veut rien avoir à faire avec moi

J’ai le sentiment de n’avoir rien à offrir, à donner ou à faire

Il est difficile de trouver une place et une manière de participer utilement à la communauté

Comment l’oppression affecte notre capacité à travailler ?

Je ne peux pas travailler quand je dors 24 heures sur 24

Les médicaments rendent plus difficile pour moi d’avoir l’air naturel·le lorsque j’interagis avec des collègues ou des camarades de classe

Je démissionne constamment, parce que certains comportements déclenchent mes phases dépressives et que je ne peux pas faire mon travail correctement

J’ai eu 42 emplois. Il m’est vraiment impossible d’en garder un.

Même en étant très compétent·e et endurant·e, avec un réseau solide, je ne peux pas rester dans un travail pendant très longtemps

Pour être honnête, je ne sais même pas comment je pourrais vraiment travailler…mais bien sûr, je ne peux pas ne pas travailler, alors c’est un engrenage douloureux sans fin

Aller au travail est le plus difficile

Essayer d’interagir avec des personnes qui ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre me donne envie d’abandonner, alors je contiens en moi beaucoup de choses et essaie de mon mieux de trouver des emplois qui ne nécessitent pas d’interactions avec d’autres personnes

Je ne peux plus travailler. Je suspecte qu’il s’agisse d’une réaction à l’oppression

J’ai souvent une anxiété incapacitante liée à un PTSD, j’ai donc toujours des emplois à temps partiel, parce que j’ai peur de prendre trop de responsabilité

J’ai peur de faire des crises et de ne pas me sentir capable d’expliquer pourquoi je ne peux pas travailler

Comment l’oppression affecte-t-elle notre vie quotidienne ?

Cela me marginalise, ma vie est désorganisée et pathétique

Me battre contre le fait de trop manger et d’autres habitudes auto-destructrices a pris beaucoup de temps

La maladie mentale est invisible

La vie quotidienne fait affreusement souffrir

Quinze ans d’antipsychotiques pèsent lourd

Douleur constante

Être constamment en train de contenir toutes ces choses en moi

J’ai constamment le sentiment d’être « perdu·e » et suis inquiet·e

Je me réveille déprimé·e…tous les jours sont les mêmes et il n’y a rien à faire et personne à qui parler

Je suis en état d’alerte constant par rapport à la police. Je n’ai pas peur des personnes de mon quartier, j’ai juste peur de la police quand je la vois.

Je laisse tomber des trucs comme faire le ménage ou la vaisselle et me perds sur internet

Ma vie quotidienne est un défi de chaque instant pour vivre comme je l’entends, me sentir bien dans ma peau, trouver du sens, des liens et une raison de continuer à vivre

Il y a des jours où le simple fait d’avoir à sortir de mon lit me fait pleurer

Devoir quitter la maison me fait presque toujours très mal

Être responsable est difficile. C’est dur de prendre soin de moi

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Folie et oppression – Identifier l’oppression https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-identifier-loppression/ https://icarus.poivron.org/folie-et-oppression-identifier-loppression/#respond Wed, 23 May 2018 15:06:22 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=737 Section I : Identifier l’oppression

Qu’est-ce que l’oppression ?

L’oppression est l’abus de pouvoir, systémique et institutionnel, d’un groupe aux dépens d’autres et l’utilisation de la force pour maintenir cette dynamique. Un système oppressif est construit autour de l’idéologie de supériorité de certains groupes et de l’infériorité des autres. Cette idéologie amène celles et ceux qui sont désigné·es comme « inférieures » à se sentir limité·es, comme valant moins que les autres, et elle entrave leur bien-être et la réalisation de leur potentiel spirituel, émotionnel, physique et psychologique. Iels sont représenté·es comme les « Autres » et sont marginalisé·es au travers de violences sociales, mentales, émotionnelles et physiques qui empêchent leur intégration totale dans la communauté. Toutes actions, systèmes, cultures, idéologies et technologies qui refusent de prendre en considération, pleine et équitable, les personnes et les choses qui sont affectées par elles, sont des aspects de l’oppression.

L’oppression permet aux personnes privilégiées d’avoir accès au contrôle, à des ressources et à des choix, tout en rendant plus vulnérables à la pauvreté, à la violence et à la mort prématurée, celles et ceux qui sont catégorisé·es comme « inférieur·es ». C’est un ensemble de processus, d’actions et d’idées qui empêche les opprimé·es d’exercer leur liberté de choisir et d’avoir accès à des ressources. Ces systèmes d’injustices, visant à donner des avantages à certain·es et à désavantager d’autres, opèrent à plusieurs niveaux : intériorisé, institutionnel, et interpersonnel.

L’oppression est l’outil qui maintient les relations sociales injustes et les monopoles de pouvoir et de privilège existants. Elle répond avec violence lorsque celles et ceux ayant moins de pouvoir et de privilège tentent de remettre en cause ces inégalités.

L’oppression se manifeste comme une violence systémique, historiquement naturalisée et institutionnalisée qui est normalisée à travers l’hégémonie, une idéologie, la répétition du discours dominant, etc. Cela met les opprimé·es dans des boites en les catégorisant selon la race, l’ethnicité, le genre, la classe, et d’autres divisions sensées distinguer le “normal” de l’“anormal”.

Celles et ceux dont l’existence ne correspond pas à la norme sont une menace pour les élites dominantes et l’oppression les maintient dans les rangs, en les humiliant et en renforçant leur impuissance.

L’oppression offre privilèges et protections à certain.es membres de notre communauté, leur permettant d’ignorer la présence du classisme, du racisme, du validisme, de la grossophobie, du sexisme, de l’homophobie, de la transphobie ou des nombreuses autres oppressions systémiques existantes dans notre société/culture. Elle leur permet d’utiliser, que ce soit de manière consciente ou inconsciente, ce pouvoir et ces privilèges, afin d’obtenir un statut ou des richesses aux dépends des opprimé·es. D’une certaine manière, ce privilège immérité touche l’oppresseur·e autant que l’oppressé·e parce que cela maintient l’oppresseur·e à l’abri et limite sa capacité à rencontrer diverses personnes. La première étape dans la transformation d’un système oppressif est de reconnaître nos propres privilèges et de comprendre le lien entre nos privilèges et la souffrance d’autres personnes.

Patriarcat, misogynie, sexisme, hétérosexisme, racisme, validisme, âgisme, militarisme, colonialisme…sont tous des exemples d’oppressions.

Comment ressentons-nous l’oppression ?

L’oppression est une porte fermée. Soit que je l’ai fermé moi-même, parce que je n’arrive pas à faire face, soit que quelqu’un·e ou quelque chose l’ai refermé sur moi.

L’oppression c’est comme quand un gros insecte marche sur un autre et l’écrase. Ce gros insecte peut se prétendre important, magnifique ou sacré, mais en fait il n’est qu’un gros insecte.

Quand quelqu’un·e t’entraine dans les toilettes, et que tu utilises toute ton énergie pour survivre au point d’en oublier tes rêves et tes désirs.

C’est comme d’être dans une rivière et de nager toujours à contre courant. Mais quand j’essaye de décrire ça à d’autres personnes, non seulement elles me disent qu’elles ne le ressentent pas, mais en plus elles remettent en question le fait que ça puisse être réel. C’est invisible et sous la surface, mais ça façonne nos rives et nos corps.

Être préssurisé·e ou déformé·e et écrasé·e par le langage et les actions des autres.

Les gens vous grimpent dessus et vous écrasent parce qu’il.les sont plus fort·es et mieux adapté·es que vous à ce jeu là.

C’est comme d’être acculé·e, incapable de s’échapper. C’est avoir un tout petit espace de décision personnelle et être forcé·e contre sa propre volonté. Ça peut être subtil, ce qui est le plus dangereux, particulièrement quand ça se transforme en oppression de soi-même : l’acceptation du statu-quo à son sujet imposé par autrui. Une fois qu’on a intériorisé certaines attitudes, on est coincé dedans pour toujours. On est incapable d’atteindre son plein potentiel à cause de facteurs externes, tels que le contexte socio-économique, les traumas, le manque de puissance sociale et l’institutionnalisation.

Des forces, d’origine humaine, d’écrasement de l’âme qui encouragent les croyances négatives sur soi, imposent une expression, amenuisent la créativité et contrôlent l’emploi de son temps et des ressources tangibles, la plupart du temps jusqu’à détruire les communautés.

De quelles manières fais-tu l’expérience de l’oppression ?

Racisme

La culture suprématiste blanche dominante me fait comprendre qu’en tant que personne non-blanche, j’ai moins de valeur qu’une personne blanche

On me met la pression pour que je sois une « exception » au stéréotype de « la fille Noire agressive »

J’ai reçu des insultes racistes par des personnes que je connaissais et par des inconnu·es dans la rue.

J’ai été insultée et attaquée par des personnes qui présumaient que j’étais stupide et ignorante parce que je suis une femme de couleur

Condescendance de la part de figures d’autorité blanches, du fait de l’histoire de ma race.

A cause de ma race, je suis supposé être discret·e, réservé·e, et calmement passif·ve tant que les personnes blanches nous permettent d’accéder à nos besoins de survie basiques.

En tant que mère d’enfants métisses, j’ai des difficultés à trouver un logement.

Des figures d’autorité me prennent de haut et je dois accepter ça pour qu’ils signent un formulaire afin que j’aille ensuite voir une autre personne…

En tant que femme métisse, on attend de moi que je fasse beaucoup de travail de soin et de travail émotionnel pour des personnes blanches, particulièrement des hommes

Classisme

J’ai été trop pauvre pour acheter de la nourriture

Je dois tenir tout le mois avec les bons de nourriture et ça me met la pression

J’ai dormi dehors parce que j’étais sans-abri, parfois par temps froid

Je n’ai pas eu assez d’opportunité de faire des études

Je travaille dans des emplois insatisfaisants pour tout juste m’en sortir

Je suis obligé·e de travailler dans des emplois avec un salaire minimum, parce que je ne peux rien avoir d’autre

J’ai envie de m’évader de tout ça, mais je ne peux pas accéder aux outils pour le faire

Je n’ai pas d’accès adéquat aux services sociaux

Je ne peux pas accéder à un soin médical nécessaire à cause de mon faible revenu

Je suis considéré·e comme étant inférieur·e aux autres parce que trop pauvre

Je me sens humilié·e parce que je vis sous le seuil de pauvreté

Les représentants de l’autorité font des suppositions sur moi, parce que je suis pauvre. Un·e travailleureuse sociale m’a regardé et m’a dit « Si je ne t’aime pas, tes allocations disparaîtront »

On me dit que ma valeur est déterminée par rapport au statu-quo et à la valeur que les autres m’accordent

Validisme

Un sentiment de honte lorsque je dois me rendre dans les bureaux des services sociaux (ex : « Ouais, vous êtes « handicapé·es » par ça. Hmmf »)

L’incapacité des autres personnes, y compris dans les services de soin, de me voir/me considérer/m’aider en tant que personne

On m’a dit de nombreuses fois que mes crises étaient la raison pour laquelle je ne vivrais jamais de relation épanouissante et que personne ne peut m’aimer

On m’a refusé des opportunités parce qu’on connaissait mon diagnostic et que « le stress serait trop dur à supporter pour moi »

J’ai été maltraité·e à cause de mon handicap. De nombreuses personnes, y compris des inconnu.es, se sont permis de me faire des commentaires

J’ai été pris·e pour cible dans ma vie professionnelle et durant mes études parce que des représentant·es de l’autorité ont découvert mon diagnostic psychiatrique

On m’a fait prendre de force des drogues altérant le fonctionnement de mon esprit, qui m’ont coupée de ma créativité, ma spiritualité, ma sexualité et mes émotions

J’ai été traité·e comme une menace potentielle

J’ai été traité·e comme quelqu’un·e ne pouvant pas prendre ses propres décisions parce que « fou/folle »

On me traite comme si je n’avais aucun pouvoir sur ma propre vie

À l’école ou dans la communauté, on m’a traité·e comme si mes états extrêmes étaient des choix délibérés, et pas la manière dont je fonctionne

Après que des gens aient appris mon diagnostic, iels me traitaient comme un·e enfant, ou avec une pitié exagérée

Mes perceptions, mes émotions et ma réalité étaient ignorées, jusqu’à ce qu’elles deviennent un « problème », à ce moment là j’étais déclaré·e « détraqué·e/malade/dérangé·e ». L’idée que ce soit la manière dont je vive, n’avait jamais été prise en considération

J’ai été séparé·e de celles et ceux que j’aimais, enfermé·e dans des hôpitaux psychiatriques, et forcé·e de suivre des procédures médicales contre mon gré

Les personnes qui étaient censées m’aider m’ont dit que quelque chose n’allait pas dans ma manière de penser

J’ai ressenti de la pression au travail, pour faire des choses qui étaient physiquement ou émotionnellement douloureuses pour moi, parce qu’elles étaient prévues pour des personnes sans handicaps

Normativité

Trouver qui je suis est très difficile, parce qu’on me dit ce que je suis et ce que je dois être, on me dit comment, pourquoi et quoi penser

Je fais l’objet d’attentes à cause de mon genre, ma race, ma sexualité, mon poids ou mon niveau d’éducation

Je suis censé·e rentrer dans des cases sociales dans lesquelles je ne peux pas rentrer

J’ai peur de montrer qui je suis vraiment

J’ai été rejeté·e et on s’est moqué·e de moi

Quand j’essaye d’exprimer ce que je ressens, on me coupe la parole ou on change de sujet

Mon genre, mon apparence, ma classe font que je ne me sens pas à la hauteur

Sexisme

On m’a bien fait comprendre que les seules façons dont je puisse être utile dans ce monde, avaient à voir avec le sexe, la cuisine et le ménage

En tant que survivant·e de viol, ma peur est naturelle, mais elle a de nombreuses fois été décontextualisée et vue comme mon problème, ma maladie mentale

Je suis constamment harcelée dans la rue

On m’a refusée un poste de direction parce que je suis une femme

J’ai fait l’expérience d’attitudes négatives envers les femmes

On s’est moqué de moi et on m’a rabaissée parce que je suis une femme

Je suis souvent traitée comme un objet sexuel, prise de haut ou ignorée

J’ai vécu des violences conjugales

J’ai vécu une situation abusive qui était rendue possible par les structures patriarcales

J’ai été soumise aux pratiques de contrôle d’un·e partenaire anxieux·se

Les hommes décident pour moi de mes droits en tant que femme et nous sommes censées en être les témoins passives

J’ai fait l’expérience d’agression physique, de haine et de honte envers le sexe féminin

La société patriarcale misogyne et élitiste ne m’a pas permis, en tant qu’enfant pauvre, d’avoir la sécurité et la liberté de me développer pleinement pendant mon enfance et continue à mettre des barrières dans ma quête de sécurité et de liberté parce que je suis une femme

On a attendu de moi que je couche avec la plupart de mes collègues masculins parce que j’étais la seule femme au travail

hétéro-cis-sexisme

On m’a refusé des soins médicaux parce que je suis trans

Des soignant·es et des éducateur·ices m’ont posé des questions intrusives sur mes parties génitales parce que je suis trans

J’ai été discriminé·e au travail, parce que j’étais perçue comme femme

On m’a agressé parce que ma façon d’être au monde ne rentre pas dans les normes hétéro et cisgenres

J’ai dû rester à l’écart de certains endroits parce que leurs toilettes n’étaient pas safes

On s’est moqué de moi à cause de mon genre ou ma sexualité

On m’a donné le choix entre adhérer à des règles strictes et des pratiques religieuses normatives ou de trouver une manière de me débrouiller seul·e

Je mets les gens mal à l’aise parce que mon expression de genre ne correspond pas à leurs attentes

On m’a déjà dit que je ne POUVAIS pas être lesbienne, parce que mes cheveux sont longs et que j’ai de la poitrine

Les gens préfèrent éviter de considérer que je suis homo ou faire comme si que ce n’était pas le cas, alors même que je suis fier·e d’être homo et que je préférerais qu’iels l’entendent et considèrent simplement ce fait comme faisant partie de moi.

Je sens que si j’ai l’air trop queer, je ne trouverais pas d’emploi

Si je reste dehors trop tard, je pourrais être agressé·e sexuellement_

J’ai l’impression que même après avoir atteint un certain niveau académique ou de carrière, la peur de tout perdre ne s’en va jamais

D’autres personnes queers m’ont dit que je n’étais pas queer comme il le fallait

On m’a dit que les personnes que j’aimais n’étaient pas les bonnes

Fondamentalisme

On m’a gavé avec des idéologies auxquelles je ne croyais pas

J’ai été harcelé·e du fait de mes croyances religieuses

J’ai été élevé·e dans un culte fondamentaliste

On m’a demandé de quitter un emploi, parce que je refusais d’intégrer une certaine église

Des membres de ma famille ont honte de ma sexualité et de mon genre

À cause de mon genre et de ma sexualité, j’ai été exclu·e des fêtes de familles

La religion a le pouvoir de faire reculer les droits des femmes et de dire aux femmes ce qu’elles doivent faire de leur corps

J’ai souffert d’avoir été matraqué·e quotidiennement avec l’idée que j’étais dans le pêché, une horrible personne à cause du pêché originel et que seul le salut me protègerait des flammes de l’enfer

On m’a maintenu·e à l’écart du « monde », en m’interdisant d’avoir des ami·es d’école, de porter des vêtements socialement acceptables, de regarder la télé, ou d’écouter la radio

Je vis dans la peur de l’anti-sémitisme et de la déportation à cause de mon passé

Les éléments patriarcaux de la religion dans laquelle j’ai été élevée, essayent de parler à ma place, même lorsque ce qu’ils veulent est illégal, parce qu’ils ont une attitude de propriété à l’égard des femmes juives

J’ai vécu dans la peur des mariages arrangés

Tyrannie de l’apparence

J’ai été anorexique

Les gens font des commentaires sur mon poids

Il y a de la grossophobie incessante dans ma famille

Je suis petit·e et maigre et des gens que je ne connais pas me demandent si j’ai un « trouble alimentaire »

On m’a dit que j’étais « trop petit·e » pour faire des choses comme mettre des filets de volley

On s’est moqué·e de moi dans les vestiaires

Des personnes ont refusé de m’aider à trouver une autre taille

Dans un pub on m’a pincée et on m’a dit que j’étais bien en chair et appétissante

La plupart du temps quand je sors de chez moi, je me fais agresser par rapport à mon poids

On m’a ignoré·e lorsque je partageais mes idées ou que j’essayais de prendre mes responsabilités parce que je suis gros·se

On m’a regardé·e comme une option pour des rencards ou du sexe

Des amoureuses (je suis une femme cisgenre) ont hésité à m’emmener avec elles lorsqu’elles sortaient avec des hommes

Trouver des vêtements qui m’aillent et qui aient du style est très difficile et lorsque c’est le cas ils sont, le plus souvent, trop chers.

Ma mère m’a proposé·e de me payer une liposuccion

Quelqu’un·e avec qui j’étais en relation m’a largué·e à cause de mon poids puis s’est remis·e avec moi après que j’ai accepté d’en perdre

_

M_ partenaire contrôlait ce que je mangeais et voulait m’inviter à des rendez-vous où on faisait de l’exercice, même si je ne voulais pas

Âgisme

Je ne suis régulièrement pas pris·e au sérieux du fait de mon âge.

Comme j’ai plus de 40 ans, les services sociaux me proposent moins de possibilités pour me former dans un programme de retour à l’emploi

À cause de mon âge, on m’a refusé des bourses d’étude pour un diplôme supérieur

Certain·es proffessionnel·les, dans le domaine de la santé mentale, m’ont dit que j’étais trop vieille·ux pour pouvoir transitionner

Mon docteur est un·e conservateur.ice qui croit qu’à mon âge, je devrais être hétérosexuel·le et marié·e

La plupart des enfants – doué·es ou non – sont, de manière générale, vu·es, compris·es et traité·es comme étant incapables de participer utilement et de manière intelligente, de ressentir des émotions complexes et de traiter des informations complexes

Mes idéaux ont été rejetés parce que j’étais jeune

En tant que femme cisgenre grosse et âgée, ayant passée l’âge d’avoir des enfants et « n’étant pas agréable à regarder », je suis rejetée de toute part

Quelles micro-agressions quotidiens vis-tu ?

Les membres de ma famille m’ignorent pratiquement chaque fois qu’il·les me voient.

Les gens sont impoli·es ou m’ignorent parce que je suis en « surpoids »

Des compliments offensants réaffirment les stéréotypes sur mon identité. Comme lorsque que quelqu’un suppose me faire un compliment étrange en me disant « Mais tu n’as pas l’air handicapé.e. »

Quand quelqu’un·e m’ignore ou refuse de discuter avec moi parce que j’ai un accent.

L’usage courant des étiquettes psychiatriques, comme de dire que le temps (météo) est schizophrène.

Quand dans une assemblée, les hommes parlent entre eux sans même regarder leurs collègues féminines.

Les vêtements grande taille ont leur propre section dans les magasins au lieu d’être avec les autres.

J’ai pris un appel au travail et la personne m’a dit qu’elle avait quelque chose à dire, mais refusait de parler à quelqu’un avec un accent.

J’entends des blagues qui reproduisent les stéréotypes sur les femmes.

Les hommes imposent leur aide sans demander

Quand les gens modifient de ton, ou d’attitude après avoir découvert que j’ai été dans le système psychiatrique

J’ai ce sentiment permanent que, parce que je suis une femme adulte ayant l’air jeune, beaucoup d’hommes me regardent comme si j’étais immature

Des blagues à connotations racistes.

Des allusions à connotation raciste, comme lorsqu’un·e ami·e me dit:  » Et bien, tu ne peux pas récupérer quelques terres tribales ? Et qu’est ce qui est arrivé à tout cet argent du casino ?_

Quand les gens me donnent des instructions sur comment exprimer mes opinions, comme lorsque je m’exprime sur quelque chose sur internet et que je reçois des messages privés qui me disent que si je veux vraiment faire une remarque, je dois dire les choses de telle manière et pas d’une autre.

Des commentaires à connotation raciste sur mon apparence, comme quand je vais m’acheter un café et que l’employé·e dit que ma fille ressemble à un petit esquimau.

Alors que je fais la queue dans une épicerie WIC [Women, Infants & Children, un programme social pour mères et enfants] un·e caissièr.e me dit que la nourriture sur la liste n’est pas celle que je suis censée avoir, et fait durer le processus de vérification pendant une demi-heure de plus que nécessaire

Quand je bossais comme serveur·euse des collègues m’ont regardé de haut parce que je suis gros·se et que je porte des pantalons serrés. Un jour alors que je portais un pantalon large l’un·e d’entre elles·eux a fait ce commentaire: « Oh tu as l’air bien AUJOURD’HUI ! »

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Folie & oppression – Cartographier nos folies ? https://icarus.poivron.org/folie-oppression-cartographier-nos-folies/ https://icarus.poivron.org/folie-oppression-cartographier-nos-folies/#respond Wed, 23 May 2018 12:00:13 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=712 C’est quoi les Mad Maps ?

 

Dans un monde qui bloque les chemins de traverse, les portes cachées et les passages souterrains, nous obligeant tous·tes à suivre le droit chemin de la soi-disant normalité, le Projet Icarus se veut un lieu de ressource pour toutes celles et ceux qui veulent explorer l’art de se perdre.

Nourri·es d’espoir et de créativité, nos membres ont astucieusement inventé·es des routes, tracé·es les cartes de nos voyages, de nos luttes en santé mentale dans un monde tortueux et magnifique. Ces rêveries cartographiques nous les avons appelés Mad Maps*.

Les Mad Maps* sont des documents que nous créons pour nous-mêmes, pour nous rappeler nos buts, ce qui est important pour nous, nos traces de lutte, et nos propres stratégies de bien-être.

Le long de cette route nous avons appris que nos communautés étaient impactées par les systèmes sociétaux de différentes manières, et que ces différences affectent notre santé mentale. Nos guides abordent des questions importantes telles que l’oppression et le traumatisme inter-générationnel et vous invitent à vous joindre à d’autres pour élaborer des solutions qui transforment la santé de nos communautés.

Ce guide vous aidera à faire votre propre Mad Map*. Réalisé à partir des contributions de centaines de membres de la communauté du Projet Icarus, il vous accompagnera étape par étape, à travers le processus de création de vos propres cartes. Ces guides vous aident à identifier et à partager ce dont vous avez besoin pour être soutenu·e en période de crise, en vous inspirant de véritables ressources, éprouvées par des personnes vivant des expériences similaires aux vôtres. Nous espérons que vous reconnaîtrez vos propres expériences dans ce que les autres ont écrit – et découvrirez ainsi un langage pour les exprimer et de nouveaux outils pour maintenir votre bien-être et transformer votre communauté.

Quand vous aurez terminé, nous serions ravi·es que vous partagiez votre carte avec la communauté Icarus. En partageant nos cartes, nous pouvons identifier nos luttes communes, nous inspirer les un·es les autres, apprendre les un·es aux autres comment nous pouvons être mieux soutenu·es, et nous rassembler pour transformer le monde qui nous entoure. Nous imaginons un monde dans lequel les gens créent des communautés de soutien effectives et œuvrent à la libération collective et individuelle. Apprenez-en plus sur notre réseau de groupes locaux, les ateliers et événements à venir, et la manière dont vous pouvez rejoindre le mouvement de santé mentale radicale sur www.theicarusproject.net (en) et www.icarus.poivron.org (fr)

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Sur le fil de la folie III https://icarus.poivron.org/sur-le-fil-de-la-folie-iii/ https://icarus.poivron.org/sur-le-fil-de-la-folie-iii/#respond Thu, 25 Aug 2016 18:15:23 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=593 III

La police me ramasse errant dans les rues de Los Angeles la nuit du premier de l’an 2002. J’ai cassé des vitraux à coups de poings, couru au milieu de la circulation, terrorisé les gens en hurlant des paroles de punk, convaincu que c’est la fin du monde et que je suis le centre de l’univers. Ils m’enferment dans l’unité psy de la prison du comté de Los Angeles et c’est là que je passe le mois suivant à parler aux néons vacillants, en attendant que mes amis viennent me délivrer…

Très vite ils diagnostiquent des troubles bipolaires et me chargent de médocs. «_C’est du réductionnisme, c’est tellement typique de la science occidentale de tout séparer en relations binaires simplistes_». Voilà ce que je raconte au psychiatre surmené qui, impassible dans sa blouse blanche de l’autre côté de la minuscule cellule que j’arpente inlassablement, griffonne des notes sur un porte-bloc où «_Risperdal_» est écrit en grosses lettres, tout en haut. «_À la rigueur, je suis multi-polaire, poly-polaire – j’ai vu des pôles que vous seriez incapables même de rêver avec votre science sans imagination et tous ces médicaments avec lesquels vous me défoncez. Bande de crétins_!_». Et ainsi de suite, allant et venant dans ma cellule.

À chaque nouvel internement, c’est plus difficile de recoller les morceaux. Physiologiquement, le cerveau et le corps mettent plus de temps à se rétablir. Une dépression nerveuse c’est épuisant. On peut voir la bipolarité comme un pendule qui oscille entre un état de dépression suicidaire d’un côté et un état de délire psychotique de l’autre, l’état stable et sain d’esprit se situant quelque part entre les deux. Si on passe par l’un des extrêmes, on est sûr d’être entraîné ensuite dans l’autre, par effet de balancier. Des mois de folle activité sans repos sont inévitablement suivis d’une profonde dépression, toutes les réserves étant épuisées.

Après un mois en prison, deux semaines dans un pavillon psychiatrique des hôpitaux Kaiser1 et quatre mois dans un centre de post-cure pour patients ayant des handicaps psychiatriques lourds, je finis par réussir à recoller les morceaux et à rentrer chez moi, dans mon vieux collectif de la maison du nord d’Oakland. Je prenais alors un stabilisateur d’humeur appelé Lithium et un anti-dépresseur du nom de Welbutrin.

Mon état restait fragile malgré tout et je faisais attention où je posais les pieds. Je commençais tout juste à pouvoir lire, après des mois passés sans pouvoir me concentrer. Je trouvai un emploi à plein temps pour la première fois de ma vie, entrepris d’aller régulièrement suivre des séances de thérapie et de prendre soin de mon corps. Quand je fêtai mes un an depuis mon internement, j’étais toujours bien et je vécus le fait d’avoir tenu jusque-là comme une bénédiction.

IV

Courant janvier, on m’appelle au petit matin pour m’annoncer qu’on a retrouvé le corps de Sera dans la rivière Susquehanna, au Maryland. Elle s’est jetée d’un pont, elle s’est ôté la vie. Ça m’a détruit, j’étais éperdu de douleur. J’avais voyagé avec Sera, elle était une des personnes les plus brillantes que j’aie jamais connue – l’esprit acéré comme un couteau et un cœur plein du souffle de l’aventure et de passion pour la vie. Au cours de nos voyages, elle m’avait tant aidé dans ma lutte pour comprendre en quoi ma vie avait de la valeur. Quand j’ai appris la nouvelle, je suis resté une semaine dans ma chambre à pleurer et pleurer encore.

C’est ce qui m’a enfin décidé à me lancer dans la recherche que je repoussais depuis si longtemps. Un an avait passé sans que je puisse lire, j’ai repris des livres. J’ai vraiment commencé à réfléchir à ma condition, à en débattre avec moi-même et avec les autres. Je voulais reconstituer le puzzle, trouver un sens à ce qui jusque-là n’était qu’un amas d’éléments qui ne n’allaient pas ensemble. Je me mis à en parler ouvertement à mes amis, j’utilisais aussi la colonne que j’avais dans un magazine punk comme un forum pour débattre de la folie et des troubles maniaco-dépressifs.

Ce n’est qu’alors que j’ai réellement accepté le paradoxe qui fait que, malgré tout mon mépris pour l’industrie pharmaceutique qui tire ses profits de notre souffrance, malgré la force de mes aspirations à vivre hors du système, les médicaments m’aident à rester en vie et en fin de compte je leur suis vraiment reconnaissant.

Selon un article du Time Magazine datant du 19 août 2002, 2,3 millions d’Américains vivent avec un diagnostic de troubles bipolaires. Pourtant, les troubles mentaux sont naturellement plus difficiles à comprendre que les autres maladies car ils sont bien plus dépendants de normes culturelles que ce que nous voulons bien voir. Des diagnostics qui affectent les gens leur vie entière sont établis sur la base de questions issues d’un livre officiel et non par des analyses de sang ou d’urine. Les diagnostics mentaux vont et viennent au gré des modes_: à un moment, c’était tendance, pour un médecin, de diagnostiquer des TDAH_; aujourd’hui, soudain, ce sont des «_troubles bipolaires_». Il n’y a pas si longtemps, l’«_homosexualité_» était vue comme une maladie, et ça, ça suffit à vouloir ne jamais mettre les pieds dans le bureau d’un psy. Même les vraies maladies sont facilement diagnostiquées à tort. Une personne peut être définie bipolaire une semaine, considérée schizophrène la suivante et déclarée schizo-affective la semaine d’après. De plus, les médicaments ont des effets spécifiques à chaque personne – c’est pourquoi on trouve des dizaines d’antidépresseurs différents tandis que de nouveaux sont inventés en permanence.

Nous devons maintenant inventer un langage sensé pour parler de tout ça sans nous retrouver coincés avec ces termes cliniques stériles qui nous encombrent la bouche sans jamais aller au fond des choses et qui souvent évitent le sujet. Au fond, notre culture ne nous permet pas de comprendre les maladies mentales donc en général nous n’en parlons pas et nous laissons aux médecins et aux entreprises pharmaceutiques le soin de les penser à notre place.

En fin de compte, ce dont j’ai désespérément besoin, c’est de rencontrer d’autres personnes comme moi pour valider mes expériences, ne plus me sentir si terriblement seul au monde et transmettre les quelques leçons que j’ai pu apprendre à ceux qui se débattent comme je le fais, en espérant que ça leur facilite la tâche. Ma nature et mon éducation m’incitent à n’avoir aucune confiance ni dans la médecine classique ni dans la culture d’entreprise, mais rien que le fait d’être là aujourd’hui en train d’écrire cet essai prouve que leurs médicaments m’aident. Je suis à la recherche d’autres personnes vivant ce même dilemme.

Les médicaments ont beau me faire du bien, je me sens souvent étranger à moi-même, rien que par les mots qui sortent de ma bouche ou que je tape à l’ordinateur. Des mots comme «_troubles_», «_maladie_» et «_dysfonctionnement_» sonnent creux, ils sont trop primaires. J’ai l’impression de parler une langue étrangère, clinique, qui peut servir à m’orienter dans le système mais reste intraduisible dans mon vocabulaire intérieur où les choses sont beaucoup plus fluides et complexes. Tout ce que j’espère c’est que nous aurons bientôt inventé un langage nous permettant de mieux parler de tout ça.

Nous partons de loin_: la société dans son ensemble en est encore aux premiers pas du dialogue, où les positions se polarisent en «_pour_» ou «_contre_» le système de santé mentale. Genre, c’est soit tu gobes les pubs pour des anti-dépresseurs qui passent toute la journée à la télé comme les évangiles des temps modernes et tu te mets à donner du Prozac à ton chien, soit tu es convaincu.e de vivre dans le Meilleur Des Mondes, où les médicaments psychotropes ne servent que d’instrument à une vaste conspiration visant à nous empêcher d’être indépendants et de réaliser notre vrai potentiel. Je crois qu’il est temps maintenant d’approfondir le sujet et de forger ensemble un discours nuancé, avec nos récits qui dépassent ce qu’on raconte au grand public, afin de créer un nouveau langage qui nous permette d’exprimer vraiment qui nous sommes, toute la complexité et le génie qui nous habite.

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surlefilvignette1Sur le fil de la folie cahier A4 6 pages

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surlefilvignette1Sur le fil de la folie fil A4 12 pages

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Sur le fil de la folie II https://icarus.poivron.org/sur-le-fil-de-la-folie-ii/ Thu, 25 Aug 2016 18:00:17 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=591 II

Un soir de début de printemps, ma mère, en rentrant du travail, me trouve recroquevillé par terre dans sa cuisine, presque catatonique. Je lui dis que je suis vraiment désolé, que je n’en peux plus, que je vais me suicider. J’ai 24 ans. Mes mains sont couvertes de coupures que j’ai laissé s’infecter, trop préoccupé pour faire attention à ce qui peut bien arriver à mon corps. Mes habits sont sales et déchirés. Ces jours-là, je m’étais perdu dans des quartiers que je connaissais pourtant parfaitement et je n’arrivais pas à regarder les gens dans les yeux quand je leur parlais.

Un enregistrement passe en boucle dans ma tête. Il me dit à quel point je suis horrible, un menteur, un hypocrite, un lâche qui ne mérite pas de vivre. En fait, l’idée du suicide m’obsède. C’est comme un disque rayé – me jeter sous les roues d’une voiture, sauter d’une fenêtre, me tirer une balle dans la nuque, le monoxyde de carbone dans le garage, avaler toute une boîte de médoc, etc. C’est atroce, je suis épuisé et je suis sûr que ça ne s’arrêtera jamais. Je vis mon propre enfer personnalisé.

Le plus bizarre c’est que quelques mois auparavant je me sentais comme le roi du monde.
Concentré, clair et inspiré, je discourais devant des foules à propos de projets révolutionnaires et stimulants – j’organisais bien une demi-douzaine de projets– j’étais un activiste modèle. Je prenais à peine le temps de dormir. Et soudain, en plein dans tout cet activisme, je m’effondrai. D’un coup, je n’arrivais même plus à sortir de mon lit. Toute la confiance en moi des semaines précédentes avait disparu. Je n’arrivais plus à me concentrer et je commençais à me sentir mal à l’aise même avec mes plus vieux amis. Les miens ne savaient pas ce qu’ils pouvaient faire pour moi. Un par un, tous mes projets se délitaient pour finir par n’être plus qu’un halo de rêves brisés flottant comme un nuage noir au-dessus de ma tête tandis que je marchais, seul, dans les rues de la ville.

Je me retrouvai rapidement à l’HP puis dans le centre de post-cure à l’extérieur de la ville où ma mère m’avait mis la fois où j’étais adolescent. J’étais malheureux et seul. Les docteurs ne savaient pas trop ce que j’avais, alors ils ont émis le diagnostic de troubles Schizo-affectifs. Ils m’ont donné un anti-dépresseur du nom de Celexa et un anti-psychotique atypique nommé Zyprexa. Tous les jours, j’allais en thérapie de groupe. Il y avait une ferme bio pas très loin du centre. Quelques semaines après mon arrivée, ils me laissèrent y travailler bénévolement plusieurs heures par jour. Je semais des graines ou rempotais des plantes dans la serre. Au bout d’un moment, les ayant convaincus de me laisser y vivre, je déménageai du centre de post-cure pour n’y retourner qu’en soins ambulatoires quelques fois par semaine.

Au bout de quelques mois, je réalisai enfin, pour la première fois, que les médicaments me faisaient du bien. Ce n’était pas les circonstances – je sentais véritablement un effet chimique. Petit à petit tout ce bruit affreux, ces pensées noires s’estompaient et je recommençais à me sentir bien. Je me souviens d’un moment au début de l’été où, en regardant un coucher de soleil, je sentis que j’étais heureux pour la première fois depuis des mois. Installé à plein temps à la ferme, je descendais en ville le week-end pour travailler au marché paysan et j’en profitais pour passer du temps avec mes amis.

Les médicaments avaient beau me faire un bien évident, je ne les considérais que comme une solution provisoire. Ils me faisaient prendre du poids, j’avais toujours du mal à me lever le matin, j’avais toujours la bouche sèche. Comme ils étaient assez nouveaux, même les médecins ne savaient pas quels effets secondaires ils pouvaient avoir sur le long terme. D’ailleurs, l’idée même me mettait mal à l’aise. Comment pourrais-je en parler à mes amis_? Et s’il y avait une crise économique globale et qu’au lieu de courir partout avec mes potes à brûler des banques et abattre les murs de béton, j’en bavais à cause du manque causé par le sevrage de médocs auxquels je n’aurais plus accès_? Je ne voulais pas dépendre des médicaments de L’Homme.

Pourtant, je ne me faisais pas excessivement de soucis pour le long terme. J’étais content d’avoir retrouvé ma vie. Quand les feuilles commencèrent à changer de couleur, je préparais déjà mon retour vers la côte Ouest, où j’allais retrouver mes proches, en Californie. Il y avait une chambre disponible dans une maison collective, un boulot a Berkeley et un bon groupe de potes qui m’y attendaient. Je passais du temps avec Sera, une militante nomade sympa, si bien que nous avons fait le projet de traverser le pays en stop jusqu’à Seattle pour aller aux grandes manifestations contre l’Organisation Mondiale du Commerce. Aux premières gelées, la ferme fut rangée pour l’hiver et quelques jours plus tard Sera et moi étions en route.
Retrouvant mes habitudes, je recollais doucement les morceaux de ma vie.

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Sur le fil de la folie I https://icarus.poivron.org/sur-le-fil-de-la-folie-i/ Thu, 25 Aug 2016 17:50:06 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=589 trees_train

I

J’avais 18 ans quand ils m’ont interné pour la première fois. La police m’avait trouvé errant sur les rails du métro à New York. J’étais certain que la fin du monde était proche et que je passais en direct au 20 h sur toutes les chaînes. J’avais suivi les rails sur plus de trois stations quand les flics m’ont plaqué au sol et arrêté avant de m’embarquer dans une cellule de prison souterraine puis aux urgences de l’hôpital psychiatrique de Bellevue où on m’a attaché au lit. Dès qu’ils ont pu remonter jusqu’à ma mère, paniquée, elle a signé quelques papiers, une infirmière m’a injecté de puissants anti-psychotiques et je me suis réveillé deux semaines plus tard dans la « Chambre » d’isolement d’un hôpital psychiatrique public à la campagne. Je suis resté deux mois et demi là-bas, puis encore quelques mois dans une étrange institution privée, une sorte de centre de post-cure, pour suivre un programme de « modification du comportement ». Les quelques années suivantes, je les ai passées à essayer d’organiser ma vie de sorte à ne plus jamais me retrouver dans une telle merde.

Avant cette catastrophe New-yorkaise j’avais vécu un an à l’autre bout des États-Unis, à la fac de Portland, en Oregon. J’avais perdu contact avec la plupart de mes vieux amis et passé presque toute l’année scolaire à la bibliothèque, plongé dans les livres universitaires, ignorant le monde extérieur. Au cours du printemps, vers l’époque des derniers examens, je suis tombé malade. À l’infirmerie de la fac, l’infirmière me prescrivit de la pénicilline, j’eus une réaction allergique et faillis mourir. Pour contrer l’effet de la pénicilline, l’hôpital me prescrivit du Prednizone, un steroïde puissant qui bousilla mon rythme de sommeil et qui, associé aux soupçons de mescaline et aux quantités d’herbe et de café dont j’avais abusé au début de l’année, me fit partir en vrille.

Au début, ça n’avait l’air de rien, c’était juste un peu bizarre. Sans savoir pourquoi, je débordais d’énergie – je fonçais partout à vélo, je faisais des tonnes de pompes et d’abdos après seulement deux heures de mauvais sommeil. Assez rapidement, je glissai dans un état d’agitation permanente. À l’été, j’eus l’idée de démarrer une épicerie coopérative à la fac. Une idée qui de fil en aiguille bourgeonna en un magnifique programme de déstabilisation de l’économie des États-unis par l’impression de notre propre monnaie. Et ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. C’était comme si j’avais une nouvelle idée toutes les deux heures, à chaque fois pour faire du lien entre des gens et des projets, et je parvins même à convaincre plusieurs personnes de mon entourage du bien fondé de mes idées. Nous commençâmes alors à entasser des provisions, à distribuer des flyers en ville, à construire notre petit empire.

Ça devint encore plus fou. Je me mis à croire que la radio me parlait ; je voyais, sur les panneaux publicitaires en ville et au bord des routes, toutes ces significations énormes que j’étais le seul à percevoir. J’étais sûr qu’il y avait partout des messages subliminaux destinés à prévenir quelques personnes que le monde était sur le point de changer radicalement et qu’il fallait s’y préparer. En cours cette année-là j’avais étudié l’anthropo-linguistique et j’étais complètement fasciné par le langage et par la manière dont les mots que nous employons façonnent notre perception de la réalité. Je commençai à voir beaucoup trop de sens partout. Quand je parlais avec des gens, j’étais persuadé qu’un autre langage se cachait dans les phrases que nous prononcions, un langage que tout le monde employait sans même s’en rendre compte. Ça ressemblait à un grand programme informatique que quelqu’un aurait écrit, une vieille énigme ou juste une sorte de blague cosmique. J’avais toujours l’impression que les gens, quand ils me disaient quelque-chose, me disaient en fait son exact contraire en même temps. Ça me rendait fou.
Quoi qu’il ait été en train de se passer, j’étais clairement le seul à m’en apercevoir, car les autres ne captaient rien de ce que je racontais ! J’essayais de m’expliquer mais personne n’avait l’air de me comprendre. J’en étais alors au point de ne plus pouvoir finir mes phrases avant d’en commencer une autre car tout était si foutrement urgent. Il y avait tant de choses à dire que je n’arrivais plus à les exprimer par des mots sans que d’autres trucs qu’il fallait dire me remplissent la bouche.

Un facteur aggravant qui finalement rendit la situation tragique, c’est qu’en réalité personne là-bas ne me connaissait suffisamment pour se rendre compte que j’avais perdu les pédales et que j’allais bientôt m’effondrer. En 1992, Portland n’avait rien à voir avec la Mecque anarchisante qu’elle est devenue aujourd’hui. Autour de moi les gens disaient_: « Ah, c’est Sasha – le mec qui fait l’épicerie coopérative. Il est juste un peu barré…  » Il semble que personne n’était capable de voir les signes qui indiquaient que j’étais en plein épisode psychotique, ou que, s’ils les voyaient, ça les effrayait d’être proche de moi, de peur que je les morde ou un truc comme ça.

Heureusement, j’allai voir des vieux amis à Berkeley pour ce que je croyais être un court voyage. Ils se rendirent immédiatement compte que quelque chose ne tournait pas rond. Ils appelèrent ma mère, elle m’acheta un billet par téléphone et ils réussirent à m’amener à l’aéroport et à me mettre dans un avion vers l’Est. Ma mère m’attendait à l’arrivée, elle me ramena à son appartement. Je me souviens qu’elle disait qu’elle m’emmènerait voir « un homme qui pourrait m’aider » le lendemain matin. Ça ne me disait trop rien, ils lui avaient bien sûr fait un lavage de cerveau à elle aussi pour qu’elle oublie l’importance du rôle qu’elle jouait dans le grand plan. Elle s’endormit vers l’heure où le soleil se lève et c’est là que j’ai fait le mur.
Au bout d’un moment à l’HP, ils ont diagnostiqué quelque chose qui s’appelait troubles bipolaires (ou syndrome maniaco-dépressif). Ils m’ont alors prescrit, en plus du tas de cachets dont ils me gavaient, un stabilisateur d’humeur appelé Depakote. Ils ont expliqué à ma mère qu’il fallait qu’elle se fasse à l’idée que son fils avait un grave trouble mental avec lequel il devrait se battre toute sa vie.

Je ne m’en suis pas rendu compte à l’époque mais, comme des millions d’autres Américains, j’allais passer des années à me débattre dans les implications de ce diagnostic. Le syndrome maniaco-dépressif est responsable chaque année de la mort de dizaines de milliers de personnes, principalement des jeunes. Statistiquement, une personne sur cinq parmi celles à qui on a diagnostiqué cette maladie finit par se suicider. Pour autant, je n’étais pas convaincu – mais alors pas du tout – que gober quotidiennement des cachets par poignées allait me rendre sain d’esprit. Franchement, à l’époque je me disais que c’était des conneries, et ce n’est pas la manière dont ils m’avaient traité en HP qui allait m’inspirer davantage confiance dans le système médical.
La vie à l’HP ressemblait à un numéro de cirque tordu. Les psychiatres venaient tous les jours nous voir et écrire nos scripts avec d’énormes stylos (Cross pen) en or et en argent aux couleurs de « Prozac » ou de « Xanax », tandis que nous étions là assis, tremblants, à nous baver dessus et à regarder dans le vide en arpentant les couloirs blafards. Cauchemardesque.

Je ne sais pas bien pourquoi mais le diagnostic de bipolarité ne tint pas très longtemps. Quand je suis sorti du centre de post-cure, les médecins expliquaient l’incident par l’interaction néfaste entre les drogues et les médicaments. Les hautes doses de Prednizone que j’avais reçues à l’hôpital auraient réagi avec les quantités de café et d’hallucinogènes que j’avais consommées, c’était trop pour ma constitution fragile. J’allais mettre un moment à me rétablir mais je finirais par être capable de mener une vie normale, en bonne santé comme le reste de la population. C’était vraiment une bonne nouvelle.

Les années qui ont suivi, j’ai remisé cette période de ma vie au fond de mon cerveau, parce que je ne savais pas vraiment quoi en faire. Ça ne collait pas avec le reste. Cet épisode n’était qu’une folle anecdote de plus à raconter aux amis, quand on en venait à bien se connaître. « Ouais mec, je suis un peu cinglé, en vrai, hahaha. Tu sais ce qui m’est arrivé quand j’étais ado ? » Mais au fond de moi, j’avais toujours la peur qu’un jour ça recommence d’une manière ou d’une autre et qu’on m’interne à nouveau.

Pour quelqu’un qui avait reçu le diagnostic de « maladie mentale grave », les six années qui ont suivi furent plutôt incroyables. J’ai voyagé, j’ai travaillé, j’ai vécu des grandes aventures un peu partout avec des personnes géniales. Celles et ceux qui m’entouraient ne stigmatisaient pas les gens un peu excentriques ou bizarres. Au contraire, nous avions plutôt tendance à nous en réclamer, à l’affirmer haut et fort. Pour moi, les accès de folie de mon adolescence étaient la réaction parfaitement naturelle de quelqu’un qui a grandi dans un monde de fous.

Il faut bien comprendre cet aspect de mon histoire : j’ai été élevé par des parents qui, ayant des opinions de gauche plutôt radicales, m’ont appris à tout remettre en cause et à être systématiquement méfiant envers le capitalisme et les grandes entreprises. J’ai passé mon adolescence dans le milieu punk, un milieu qui glorifie la folie et l’irrespect envers l’autorité. Depuis mon enfance, tout le monde disait que j’étais très sensible au monde autour de moi et à la souffrance des autres, peut-être trop. J’ai tout expliqué par ça. Dans ma vision des choses, il me paraissait impossible que mon instabilité et mon côté lunatique aient quoique ce soit à voir avec des causes proprement biologiques. C’est ainsi que je continuai à vivre comme si de rien n’était.

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Comment prends-tu soin de toi ? https://icarus.poivron.org/comment-prends-tu-soin-de-toi/ https://icarus.poivron.org/comment-prends-tu-soin-de-toi/#comments Tue, 12 Apr 2016 09:30:54 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=508 soindesoi

La guérison est un processus quotidien difficile, une série de questions et de choix infinis, une compétence qui n’est pas enseignée, encore moins reconnue, dans notre culture.

Inga Muscio, Slash an’ Burn.

Tu mérites de l’amour, du respect et de l’affection pour ce que tu es.

La première personne qui doit s’occuper de toi…c’est toi-même !

Prendre soin de soi peut être difficile.

Tu dois tout d’abord trouver :

► Qu’est-ce qui te plaît ?

► Qu’est-ce qui te fait du bien ?

► Qu’est-ce qui te fait te sentir en sécurité ?

C’est comme une chasse au trésor.

Tu vas tomber sur pas mal de déchets. Continue à chercher.

Le seul critère est que ça te fasse (parfois) te sentir bien.

Il est très important que tu prennes soin de toi, pas uniquement quand tu te sens mal !!!
Est-ce que tu ne boirais de l’eau qu’avant de mourir de déshydratation ? Il sera peut-être trop tard.
L’eau ne pourra peut-être plus t’aider à ce moment là.
Une posture personnelle d’attention peut être très utile.
L’attention signifie que tu cherches et trouves dans toi même ce que tu veux et ressens.
Es-tu fatiguée ? En colère ? Tes limites sont-elles violées, dépassées ?
La plupart des choses sont beaucoup plus faciles à gérer et à influencer lorsqu’elles sont toujours petites.
Collecte des choses et des listes d’activités que tu aimes et qui t’ont aidé.e ou ont été utiles par le passé, ou des idées que tu aimerais essayer.
Ta collection peut être comme une boite de premiers secours ou un kit de survie.

Poste les sur le Projet Icarus comme ça d’autres pourront être inspiré.es par tes idées. Tu peux également être inspiré.e par les kits d’autres personnes (nous les appelons des « mad maps »).

Les bibliothèques pourraient également t’aider à trouver plus d’idées. Elles ont des livres sur le yoga, les étirements et la relaxation, et de grands livres agréables à regarder. Tu peux photocopier ce dont tu as besoin. Souvent, elles ont également de la musique et des CDs avec des exercices guidés de relaxation.

Les pages suivantes donnent quelques exemples. Il y a beaucoup de trucs stéréotypiquement associés au genre féminin.
Jette tout ce que tu n’aimes pas et crée ta propre liste.

• des douches / bains chauds

• une peluche

• lire

• des poèmes que tu aimes

• une odeur spécifique

• une bougie parfumée

• une liste de postures de yoga que tu aimes

• un liste d’exercices d’étirement pour se sentir ancré.e

• un CD avec des exercices de relaxation guidés (ex. relaxation progressive des muscles)

• ton huile de bain ou gel douche préféré

• des petits objets qui te rappellent de bons souvenirs

• un CD avec ta musique préférée

• ton magazine préféré

• un livre que tu veux lire

• des lettres d’ami.es

• des photographies d’ami.es

• écrire une longue lettre

• travailler sur un scrap-book /carnet

• apprendre un poème par cœur

• des douches/bains glacés

• une liste avec des numéros de téléphone de personnes qui te soutiennent

• une liste avec des numéros de téléphone en cas d’urgence

• une lettre à toi-même qui te rappelle à quel point tu es incroyable

• te faire faire un massage ou te faire un massage toi-même
(sois très attentive à ce qui te fait du bien et ce qui ne t’en fait pas et assure toi de t’en souvenir !)

• un caillou, une pierre ou un morceau de bois à tenir dans ta main

• un feutre pour écrire sur ton corps

• acupuncture

• un CD avec des sons de nature (ex. orage)

• un journal et un crayon

• du papier et des stylos ou de l’aquarelle si tu aimes dessiner ou peindre

• faire du postcrossing (envoi de cartes postales à des inconnues à travers le monde)

• une pommade avec de la capsaïcine qui donne une sensation de chaleur et de brûlure sur la peau qui peut aider à s’ancrer

• sexe (tu peux avoir du sexe avec toi même si tu es seul.e)

• des choses pour prendre soin de tes blessures comme des pansements ou des bandages

• jouer de la batterie (tu n’as pas besoin d’une vraie batterie, chaque objet à son propre son)

• un bandeau ou des élastiques à enrouler autour de tes bras pour t’apaiser

• des sachets de ton thé favori

• fredonner une chanson que tu aimes ou chanter

• penser à ton plus beau souvenir dans tous ses détails

• t’asseoir sur un sol dur et t’appuyer contre un mur dur pour te calmer

• présenter un livre (www.bookcrossing.com)

• danser

• méditer (mais assure toi d’essayer plusieurs fois, méditer n’est pas forcément quelque chose qui te fera te sentir bien instantanément)

• bouger ton corps d’avant en arrière pour t’ancrer

• aller te promener

• regarder un DVD

• médicaments d’urgence

• du chocolat ou quelque chose d’autre que tu aimes manger

• réfléchir à de nouvelles idées pour ton kit de survie

• une lotion pour le corps ou une huile de massage que tu aimes

• voir un.e amie

• tenir un glaçon dans ta main

• laisser de l’eau froide couler sur tes poignets

• un jouet d’enfance

• écrire une fuck-you list (où figurent toutes les personnes après lesquelles tu es énervée)

• aller au cinéma

• lire ce zine

• des boules quiès

• te concentrer sur quelque chose de complètement inintéressant dans la pièce et essayer de vider ton esprit pour diminuer la panique (point focal)

• te concentrer sur ta respiration

• une écharpe ou une couverture chaude

• prendre soin d’une plante en pot

• un jeu d’ordinateur abrutissant mais addictif et distrayant

• jouer avec un yo-yo

• rêvasser

• apprendre à jongler

• passer une journée au lit

• un beau livre pour regarder les images

• si tu es religieuse, prier ou faire un rituel

• prendre un bol ou un sac de boutons, ou de fèves sèches, ou de grains ou de pièces propres et les laisser s’écouler entre tes doigts encore et encore

• obscurcir la pièce ou te cacher dans un espace sombre

• regarder les oiseaux

• sortir avec des animaux

• bruit blanc

• chercher dans les étagères d’une bibliothèque

• sortir dans le cyber-espace
(ou peut-être se tenir à l’écart du cyber-espace pour un moment)

•  faire ton propre zine



 

Pour en savoir plus

Cette article est extrait de la brochure « SE FAIRE MAL » (Hurting Yourself) disponible ici:

se faire mal cover2 56 pages couleurs en PDF (762 kB)

ou téléchargez la Version en noir et blanc

 

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https://icarus.poivron.org/comment-prends-tu-soin-de-toi/feed/ 1
Rendre visibles les blessures https://icarus.poivron.org/rendre-visibles-les-blessures/ https://icarus.poivron.org/rendre-visibles-les-blessures/#respond Mon, 11 Apr 2016 15:20:23 +0000 https://icarus.poivron.org/?p=502 regarderguerir

Imagine différents types de blessures
. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

Quelles sont celles qui « comptent » comme blessures et celles qui ne comptent pas ?

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

Qui va décider si une blessure compte ou pas ?

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

 

Est-ce qu’un.e enfant t’a déjà montré fièrement un pansement multicolore ?

Ou insisté pour en avoir un, même pour la plus petite égratignure ?

N’as-tu jamais laissé une dédicace sur le plâtre d’un.e amie ?

As-tu déjà demandé à quelqu’une comment elle s’était fait telle cicatrice ?

Alors tu sais que la visibilité joue un rôle dans la manière de traiter le fait d’avoir été blessé.e.

 

Les blessures physiques peuvent être visibles de différentes façons :

• marques rouges
• membres manquants
• gonflements
• paralysies

De la même façon, prendre soin / faire face / guérir peut avoir une expression visuelle :

• bandages
• bandages plâtrés
• croûtes
• cicatrices
• points de suture
• béquilles

Mais comment rendre visibles ces blessures là ?

• promesses non tenues
• dissociation
• espoirs brisés
• pertes
• relations brisées
• défaites
• occasions perdues
• changements
• mauvais choix
• peurs
• déceptions
• confusion

Comment soigner les blessures invisibles ?

Comment en parler ?

Comment les commémorer ?

Comment exprimer qu’elles ont fait ce que nous sommes aujourd’hui ?

Comment visualiser la guérison ?

L’automutilation est généralement vue comme une réponse à un traumatisme. Mais quand un traumatisme ne peut pas être exprimé, d’autres formes de communication deviennent nécessaires. En tant que communication gestuelle, l’auto-mutilation peut réorganiser et stabiliser le monde de la victime de traumatisme, donnant une voix à la peau quand la véritable voix est interdite.

Janice McLane, The Voice on the skin (1996)

Penser à la chirurgie placebo

La chirurgie placebo consiste à couper de la peau, des tissus et même des os, tout comme dans la véritable chirurgie, mais sans réaliser un véritable
objectif chirurgical. Dans de nombreux cas les personnes iront mieux, exactement comme si elles avaient reçu une véritable opération de chirurgie.


 

Réduire les risques

Réduire les risques signifie qu’il y a des façons de prendre soin de toi, même si tu penses que tu ne peux pas ou ne veux pas arrêter un comportement potentiellement risqué. Si tu bois de l’alcool, par exemple, tu peux t’assurer de ne pas conduire en même temps. Si tu prends des drogues, tu peux t’assurer d’utiliser des aiguilles et des seringues propres. L’idée est de réduire les risques autant que possible tout en préservant les effets désirés.
Même en voulant te faire mal tu ne souhaites peut-être pas te causer des dommages permanents. Il y a plein de manières de réduire les risques quand tu te blesses. Ce qui va marcher pour toi dépend de quel aspect de l’expérience est le plus important pour toi. Par exemple :

Si la douleur est le plus important, il existe de nombreuses façons de sentir la douleur qui pourraient peut-être causer moins de dommages à ton corps que ce que tu pratiques maintenant.

Si le saignement est le plus important, tu peux t’assurer de ne pas sectionner une artère, de sorte que ça ne devienne pas une question de vie ou de mort. Si tu te coupes, tu peux utiliser un couteau ou une lame propre et éventuellement désinfecter ta peau (avec de l’alcool par exemple).
Si ce sont les marques sur ta peau ou les cicatrices le plus important, tu pourrais essayer de voir si le fait d’écrire ou de peindre sur ton corps t’aide ou peut-être de te faire tatouer ou percer ou d’autres transformations corporelles. Certaines personnes disent qu’elles aiment modifier leurs corps, le personnaliser pour s’y sentir à la maison.
Tu peux aussi réduire les risques en prenant soin de toi après t’être bléssé.e. Tu peux calmer, désinfecter ou bander tes blessures. Tu peux dormir ou te reposer. Si besoin, tu peux aller aux urgences.
Souvent les personnes sur place ne peuvent pas comprendre, et ils peuvent te mettre en hospitalisation pour quelques jours, y compris contre ta volonté. Mais être intimidé par les urgences ne devrait pas t’ empêcher de prendre soin de toi lorsque les dégâts sont trop importants pour y faire face toi-même.
Si tu autorises quelqu’un d’autre à te blesser, mettez vous toujours d’accord sur un mot de sûreté qui signifie : Stoppe immédiatement !
Tu peux essayer de remplacer entièrement le fait de te faire mal par de l’exercice ou de la relaxation ou quoi que ce soit qui fonctionne pour toi.
Peut-être que la section « Comment prends-tu soin de toi ? » te donnera quelques idées.

Idées pour réduire les risques:

• Tirer et lâcher un élastique sur ton poignet
• Tu peux obtenir une sensation de brûlure avec une pommade qui contient de la capsaïcine (composant actif du piment)
• Mordre dans un piment
• Tenir un glaçon dans ta main ou sur votre corps
• Utiliser un bracelet slap (ou snap)
• Prendre une douche chaude (mais pas brûlante)
• Prendre une douche glacée
• Laisser couler de l’eau froide sur ses poignets
• Ecrire ou peindre sur sa peau
• Se mettre du scotch autour du bras (attention à ne pas couper la circulation du sang!)
• S’exfolier (par exemple avec du sel ou du marc de café)
• Se faire un tatouage (au hénné)
• Se faire faire des piercings
• Désinfecter sa peau avant de se couper
• Utiliser des couteaux/lames propres
• Particulièrement : n’utilise pas d’objets ayant été en contact avec le sang de quelqu’un d’autre pour te couper ou te percer
• Épile ton corps
• Essaye plusieurs techniques de base (voir la section auto-soin)
• Les pommades avec de l’héparine peuvent aider pour les bleus [echymoses] – ne pas appliquer sur des blessures ouvertes !
• Si tu as besoin d’une sensation de brûlure – as-tu déjà essayé la cire chaude ? Elle provoque une piqûre sans causer trop de
dégâts. Ne pas utiliser de la cire d’abeille, car elle a un point de fusion élevé (64°C – ça ne paraît pas énorme mais la cire reste un moment sur la peau en adhérant ce qui peut causer plus de dégâts que le contact direct avec une flamme, et la cire proche de la flamme est encore plus chaude). Certains sex-shops vendent des bougies spéciales avec un faible point de fusion qui pourraient te convenir. Comme elles risquent
d’être chères, tu peux essayer de trouver des bougies à la paraffine avec un point de fusion plus bas (45°C). Les tutoriels BDSM pourraient te donner plus d’infos.
• Chercher une aide médicale pour tes blessures si nécessaire.

 

Cet article est extrait de la brochure: SE FAIRE MAL (Hurting Yourself)

Téléchargeable ici: SE FAIRE MAL 56 pages PDF couleurs

et là: SE FAIRE MAL 56 pages PDF noir&blanc

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